Odo de la Tour : un universitaire dans sa ville et au conseil du prince

Jacky Theurot

Odo de la Tour est une figure importante de la vie universitaire et politique doloise, et bien au-delà, qui laisse des traces plusieurs décennies durant.

En 1496, maître Odo de La Tour1 apparaît lors de la réclamation du loyer de l’école de grammaire. En 1497, il est bailleur de la maison de Cîteaux pour neuf ans. En 1498, sa présence est encore citée au conseil de ville.

En 1503, sous le rectorat Masoyer, Odo de La Tour obtient « le doctorat en l’un et l’autre droit et la régence de l’après-midi dans la faculté des décrets, selon le vœu de tous les étudiants ». En 1505, sous le rectorat Obrecht, il recommande Perrenet Ytier pour être appariteur de la faculté de droit canon. En 1517, il est cité comme docteur en droit, régent ordinaire de la faculté de droit canon de l’université de Dole. En 1519, sous le rectorat Cluts, d’après sa signature en fin de registre, il enregistre l’immatriculation de plusieurs étudiants, dont le libraire Godefried de Her.

Il assume également des fonctions publiques. Dès 1503, Odo de La Tour rédige un discours prononcé par Pierre Messager lors de l’entrée à Dole de l’archiduc Philippe le Beau. En 1517, Odo est nommé conseiller de Marguerite d’Autriche et assistant en la cour du Parlement. Il est également propriétaire d’une vigne. En 1520, docteur en droit et conseiller de Marguerite d’Autriche en sa cour de Parlement, il achète à un marchand cinq journaux de terre pour sept écus d’or au soleil2.

En 1522, il est toujours régent à l’université. Le 6 août 1529, sa femme Louise Viquot, sœur de Charlotte Viquot, épouse décédée de feu Jean Heberling, docteur en médecine, est mentionnée. En 1531, avec d’autres conseillers laïcs ou ecclésiastiques, il figure dans l’organigramme du parlement réinstallé par Charles Quint. Le 27 avril 1529, sa signature se lit dans l’acte du rachat de la chapelle de Charles Taillant, seigneur de Saint-Ylie, située en Notre-Dame de Dole. Le 1er juin 1531, son fils Nicolas, inscrit depuis 1503 à l’université de Dole, offre, selon la coutume, le pain béni durant la messe de l’université


Représentation du recteur Odo de la Tour avec son visage inscrit dans un O, lettre initiale de son prénom. Portrait charge d’Odo de la Tour dans son initiale “O”en lettrine. Bibliothèque municipale de Besançon, Ms. 982, f°49.

Odo de la Tour décède le 21 juillet 1540. Sa pierre tombale est érigée selon ses directives datées du 27 avril 1529 en la chapelle Saint-Pierre de l’église « nueve » mais est aujourd’hui conservée en la basilique de Dole.

Notes :
1 – Odo de La Tour. Réclamation du loyer de l’école : AMD, BB2, 20 décembre 1496, fo120v. Dès 1498, il est cité dans les délibérations du corps de ville (AMD, vendredi 20 juillet 1498, fo176v). Amodiataire de la maison de Cîteaux pour neuf ans (ADJ 17 H 19, nativité de Saint-Jean Baptiste 1497), puis bail renouvelé pour neuf ans en 1506 (ADJ 17 H 19, nativité Saint-Jean-Baptiste 1506). Doctorat et régence : BMB, Ms 982, 1503, fo48, initiale O historiée liée à cette mention. Discours d’Odo : se trouve dans le contreplat de l’ouvrage de Diogène Laërce, Vie et sentences des philosophes, traduit par Ambrogio Traversari, ami de Côme de Médicis l’Ancien, publié à Bologne en 1495, ouvrage paru à Rome en 1472 et édité à Brescia, Venise et donc Bologne, issu de Pierre de La Tour au xvie siècle : Le siècle de Gutenberg, voyage au temps des premiers imprimeurs, Cahiers de l’Hôtel-Dieu no 4, Dole, Médiathèque, 2009, catalogue d’exposition, notice 25, p. 36. Recommandation : BMB, Ms 982, 1505, fo51v. Cité comme docteur en droit et régent, ADJ G 386, 1517 ; enregistrement d’étudiants : BMB, Ms 982, 1519, fo149v. Conseiller de Marguerite au parlement : ADJ G 536, 1517. Possession d’une vigne : ADJ G 418, 25 février 1517 (n.st.) ; achat de terres : ADJ G 468, 18 mai 1520, fo74rv et 79v. Régent en l’université : ADJ G 397, 1522. Louise et sa descendance : ADJ G 212, 6 août 1529. Figure dans l’organigramme du parlement : Antony, Nouvelle histoire…, op  cit., p. 117. Signature d’Odo lors des travaux de la chapelle Saint-Pierre : ADJ G 386, 27 avril 1529. Voir également Jacky Theurot, « L’ancienne chapelle Saint-Pierre de Notre-Dame de Dole (XVe-XVIe s.) », Bulletin des Amis de la Collégiale, no 34, janv. 2007, p. 7-9, et Id., « Un portraict» de Dole : les structures, les hommes, leurs occupations et possessions d’après deux registres de Notre-Dame (1518-1530) », Travaux 2015 de la Société d’Émulation du Jura, Lons-le-Saunier, 2016, p. 209-254. Décès et pierre tombale : Bénédicte Gaulard, « Le mobilier de la collégiale de Dole du xvie siècle à nos jours », Mémoire de maîtrise en histoire de l’art, université de Bourgogne, 1990, p. 18-22. Nicolas de La Tour : BMB, Ms 983, rectorat Masoyer, 1503, fo48, et ADJ G 245, 1er juin 1531. 2 – Écu d’or au soleil, écu sol créé par Louis XI, dont une face représente l’écu de France couronné d’un soleil.
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