Le décret du 20 janvier 1955 “nationalise” les écoles préparatoires de médecine et les écoles de médecine de plein exercice1 : l’école préparatoire de Besançon devient une école nationale de médecine et de pharmacie (figure 1). Les traitements des enseignants et des personnels administratifs et techniques sont désormais assurés par l’État. Seuls les frais de fonctionnement de l’école restent à la charge des communes. La nouvelle école nationale bisontine peut dispenser les cours de l’intégralité des années d’études, mais la thèse d’exercice doit toujours être passée à la faculté de tutelle (Nancy).
Figure 1 : L’École nationale de médecine, janvier 1961. Bibliothèque municipale de Besançon, Ph12161. Bernard Faille.
Le professeur Lucien Bessot (1901-1958), directeur de l’école au moment de cette transition, devient le premier directeur, nommé par le ministre, de la nouvelle école nationale de médecine et pharmacie. En 1958, c’est le professeur Paul Milleret (1919-2002) qui prend sa relève et doit gérer une période de profondes transformations. À la suite de la réforme impulsée par le professeur Robert Debré (1882-1978), qui crée en 1958 les centres hospitaliers universitaires (CHU) et les médecins hospitalo-universitaires, plusieurs décrets modifient en profondeur les cursus. L’accès aux études médicales est désormais ouvert directement aux bacheliers de l’enseignement secondaire. L’année de transition entre le baccalauréat et l’entrée dans les études, instituée en 1934 sous la forme du certificat d’études physiques, chimiques et biologiques (PCB), disparaît. La nécessité d’obtenir un certificat préparatoire est cependant à nouveau rétablie, en 1963, avec le certificat préparatoire aux études médicales (CPEM), en partie enseigné par les facultés des sciences, qui ouvre l’accès aux cinq années d’études suivantes2. Cette modalité d’admission dure jusqu’en 1969.
Les années 1960 sont également marquées par une initiative architecturale. Le professeur Maurice Bruchon (1901-1979), directeur de l’école nationale entre 1961 et 1964, entreprend l’agrandissement de l’école (figure 2). Devant l’augmentation du nombre d’étudiants, induite par les réformes successives, les locaux situés à l’hôpital Saint-Jacques s’avèrent insuffisants. Municipalité et rectorat décident, d’un commun accord, de transférer cette école de l’autre côté de la place Saint-Jacques, dans les bâtiments désaffectés de l’arsenal militaire récemment cédés à la ville de Besançon. En octobre 1964, une partie de l’école s’y installe, après une sommaire remise en état. L’afflux croissant des étudiants impose un aménagement plus important, avec des travaux échelonnés sur plusieurs années.
Figure 2 : Le professeur Maurice Bruchon (1901-1979). Collection particulière.
M. Bruchon et son successeur à la direction de l’école nationale, le professeur Paul Laugier (1910-2009), poussent également à la transformation de l’école en une faculté de médecine (figure 3). À la suite de nombreux problèmes de coordination avec la faculté de tutelle nancéienne, les étudiants bisontins sont gravement pénalisés dans la passation de leurs examens et du concours d’internat. À partir de 1964, la création d’une faculté de médecine bisontine est présentée comme une libération indispensable de la « tutelle pathogène » de Nancy, terme largement repris par la presse locale qui se fait l’écho des difficultés récurrentes avec cette faculté. Les parlementaires franc-comtois, emmenés par le professeur Jacques Henriet (1904-1988), enseignant d’anatomie à l’école de médecine et sénateur du Doubs, insistent sur le risque majeur de désertion des étudiants si les difficultés dans la validation des examens et des stages perdurent. Sous la pression du directeur Laugier, en 1966, les tractations politiques auprès du ministère s’intensifient3. Le budget permettant de transformer en faculté la section médecine de l’école nationale, avec ses treize professeurs, ses quatre chefs de travaux et ses 250 étudiants, est finalement obtenu. L’école nationale de médecine et pharmacie se mue officiellement en faculté de médecine par le décret du 11 janvier 19674. Le professeur Laugier en devient le premier doyen. La première thèse en médecine est soutenue à Besançon le 25 février 19675. Le décret du 7 décembre 1968[6] établit enfin la faculté mixte de médecine et de pharmacie.
Figure 3 : Le professeur Paul Laugier (1910-2009). Collection particulière.