Jacques-Pierre Millotte (1920-2002)

Philippe Barral – Marie-Jeanne Lambert

Jacques-Pierre Millotte occupe la chaire de professeur d’archéologie préhistorique à l’université de Besançon de 1969 à 19821. Celles et ceux qui l’ont connu gardent le souvenir d’un homme aux grandes qualités humaines. Savant enthousiaste et engagé, il a résolument inscrit son activité scientifique à la fois dans le territoire jurassien qu’il connaissait parfaitement et dans l’espace européen. Sa copieuse correspondance épistolaire et sa bibliothèque, riche en revues de toutes origines géographiques, témoignent de cette culture européenne.

Jacques-Pierre Millotte lors d’une excursion dans les années 1990. Richard et al. dir. 2010, p. 10.

Sa carrière révèle de multiples facettes. En plus de ses fonctions à l’université, de 1957 à 1982, il est notamment directeur des Antiquités préhistoriques de Franche-Comté et contribue ainsi à l’essor et à la structuration de l’activité archéologique dans la région. Il gère, entre autres, le délicat dossier de l’Alésia franc-comtoise, qu’il qualifie volontiers de « tas de billevesées ». Avec quelques collègues, il est aussi à l’origine de la création de l’Association française pour l’étude de l’âge du fer (qui fêtera bientôt son cinquantenaire), organe de diffusion et de confrontation des connaissances, tout autant que de formation des étudiants, fédérant une communauté à laquelle il était très attaché.

Jean-Pierre Millotte 1983. Collection particulière. Claude Helly.

Au sein de ses publications, deux jalons sont plus particulièrement à mentionner. Tout d’abord, sa thèse sur Le Jura et les Plaines de la Saône aux Âges des Métaux, qu’il publie en 1963 aux Annales littéraires de l’université de Besançon. Ensuite, son Précis de protohistoire européenne2, dont le titre indique clairement l’ambition. L’ouvrage, coordonné avec André Thévenin (1930-2017), Les racines des Européens3, se situe dans la même veine. J-P Millotte fait ainsi partie des quelques figures marquantes qui, à partir de 1960, ont contribué à relancer la protohistoire française, moribonde depuis la Première Guerre mondiale. Scientifique dont l’expertise est reconnue à l’échelle internationale, il est à l’origine de la construction d’un pôle de ressources et de compétences en archéologie pré-protohistorique en Franche-Comté. Après 1968, ce pôle a permis la création d’une unité de recherche associée au CNRS, dont est issue l’actuelle UMR Chrono-environnement.

Le bilan scientifique de Jacques-Pierre Millotte est considérable dans tous les domaines. Son action a été rendue possible grâce à ses qualités hors pair d’animation et de coordination. Il avait constamment le souci d’accompagner les étudiants dans leur parcours et de favoriser leur insertion professionnelle. Sa simplicité et la grande convivialité qui imprégnaient ses relations avec ses collègues et avec ses étudiants restent mémorables.

Notes :
1 – Annick Richard, Philippe Barral, Alain Daubigney, Gilbert Kaenel, Claude Mordant, Jean-François Piningre (dir.), L’isthme européen Rhin-Saône-Rhône dans la protohistoire. Approches nouvelles en hommage à Jacques-Pierre Millotte. Actes du colloque international de Besançon (17 au 18 octobre 2006), Besançon, PUFC (“Annales littéraires” no 826, série “Environnement, Sociétés et Archéologie”), 2010. 2 – Paris, Armand Colin, 1970. 3 – Le Coteau, Horvath, 1988. Bibliographie
  • Richard Annick, Barral Philippe, Daubigney Alain, Kaenel Gilbert, Mordant Claude, Piningre Jean-François (dir.), L’isthme européen Rhin-Saône-Rhône dans la protohistoire. Approches nouvelles en hommage à Jacques-Pierre Millotte. Actes du colloque international de Besançon (17 au 18 octobre 2006), Besançon, PUFC (“Annales littéraires” no 826, série “Environnement, Sociétés et Archéologie”), 2010.
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