La faculté de médecine de Besançon sous l’Ancien Régime (1691-1792)

Laurent Tatu

Après le transfert de l’université de Dole, la faculté de médecine et ses trois chaires s’installent alors, comme le reste de l’université, dans des locaux exigus, peu lumineux et difficiles d’accès au couvent des Grands Carmes. Seule une des deux salles de cours permet d’assurer, en alternance, les leçons de droit et celles de médecine. Aucune pièce n’est prévue pour les dissections anatomiques.

En 1707, l’édit royal (dit de Marly), pour améliorer la qualité des études de médecine, rend obligatoire les enseignements d’anatomie, de dissection humaine et de botanique. Pour répondre à ces impératifs, en 1724, une salle, servant de cuverie, située au sous-sol du couvent des Grands Carmes, est aménagée en salle d’anatomie. L’accès s’effectue par un escalier situé entre les deux principales salles de cours1. Deux ans plus tard, le premier jardin botanique, consacré aux fleurs médicinales, est créé rue Saint-Vincent2.

L’accès aux études de médecine nécessite l’obtention de la maîtrise ès-arts. Délivrée par la faculté de médecine après deux ans d’études, elle certifie un bon niveau de culture générale. Le cursus de médecine s’étend ensuite sur trois ans. Les cours sont obligatoires et chaque année est sanctionnée par des examens. À l’issue des trois ans, l’étudiant peut accéder aux trois grades délivrés par la faculté : le baccalauréat, la licence et le doctorat, suivis à chaque fois d’une soutenance publique. Une cinquantaine d’étudiants assiste chaque année aux cours de la faculté de médecine. Dans les 25 dernières années de son fonctionnement, la faculté de médecine délivre en moyenne chaque année une dizaine de grades de baccalauréat, une dizaine de grades de licence et cinq grades de doctorat3.

Figure 1 : annonce des des distributeurs du recrutement d’un professeur à une chaire de médecine vacante en 1746. Archives départementales du Doubs, 1C 413. L. Besançon.

Les trois distributeurs de l’université ont la charge de recruter les professeurs en choisissant un successeur lors du décès de  l’enseignant précédemment titulaire de la chaire (figure 1). Les lettres patentes, signées par Louis XV (1710-1774) en 1747, précisent les modalités de cette procédure complexe4. Les candidats doivent être catholiques, non apparentés à un professeur de l’université et avoir l’âge minimum de 30 ans, bien que des dispenses d’âge soient possibles. Le nombre de candidats se présentant lors de chaque succession varie entre dix et quinze. À l’issue de l’épreuve orale théorique d’explication d’un aphorisme, le candidat doit défendre deux thèses : l’une théorique et l’autre sur un sujet pratique prêtant à discussion. Le jury classe les trois meilleurs candidats et le roi désigne le premier nom de la liste. À partir de 1714, les professeurs de médecine obtiennent de pouvoir réunir leur charge de professeur royal à celle de médecin de l’hôpital du roi à Saint-Jacques. Ce cumul leur permet d’augmenter leurs rentrées financières. Les professeurs enseignent très longtemps, parfois malgré leurs multiples infirmités. C’est le plus ancien d’entre eux qui occupe le poste de doyen.

Figure 2 : Claude Joseph France (1737-1802), professeur à la faculté de médecine de Besançon de 1783 à 1793. Collection particulière. Georges Pannetton.

Durant le siècle de fonctionnement de la faculté, treize professeurs occupent les trois chaires de médecine5. La plupart sont d’origine franc-comtoise et ont suivi leurs études à Dole ou à Besançon. Les professeurs Charles Louis Tixerand (?-1692), Jean François Bidey (?-1692) et Jacques Monnot (1644-1713) assurent la période de transition de Dole à Besançon. Dix professeurs occupent ensuite les chaires de la période bisontine : François Thomas Garinet (v. 1655-1702), Jean François Bergeret (?-1717), Claude Nicolas Billerey (1666-1758), Jean François Lefebvre (v. 1680-1735), René Charles (1685-1751), Nicolas François Rougnon (1727-1799), Claude François Atthalin (1701-1782), Gabriel Lange (1700-1788), Claude Joseph France (1737-1802) (figure 2) et Étienne Tourtelle (1757-1801). Certains d’entre eux occupent à plusieurs reprises le poste de recteur de l’université.

Figure 3 : Cl. Fr. Atthalin, Institutiones anatomicae, per placita et responca deigestae, Besançon, Cl. Jos. Daclin, 1753. Bibliothèque municipale de Besançon, 262764.

Quelques-uns acquièrent, par leurs publications, une réputation nationale. Certains ouvrages, comme les Insitutiones anatomicae de Claude François Atthalin, restent longtemps des références pour les étudiants en médecine6 (figure 3).


Notes :
1 – BM Besançon, BB 137 (folios 44 et 45). 2 –  À l’emplacement du futur théâtre de Claude Nicolas Ledoux. 3 – Éric Thiou. « L’université de Besançon et les étudiants comtois à la fin de l’Ancien Régime », Thèse d’histoire moderne (E. Dziembowski dir.), Université de Franche-Comté, 2018. 4 – Reproduites dans Nicolas-Antoine Labbey de Billy, Histoire de l’université du comté de Bourgogne, Besançon, Mourgeon, 1814, p. 120-136. 5 – Un quatorzième professeur, nommé Claude Guillot, a peut-être enseigné de manière épisodique sans avoir été recruté sur concours. 6 – Claude François Atthalin, Institutiones anatomicae, per placita et responsa digestae, Besançon, Daclin, 1753. Bibliographie
  • Éric Thiou. « L’université de Besançon et les étudiants comtois à la fin de l’Ancien Régime », Thèse d’histoire moderne (E. Dziembowski dir.), Université de Franche-Comté, 2018.
ARTICLES SIMILAIRES :
error: Contenu protégé.