Dès le 13 novembre 1423, Philippe le Bon et ses conseillers règlent la perception des deniers affectés à l’université par des lettres permettant de lui assurer un revenu annuel de 1200 florins, auquel s’ajoute la taxe levée par la ville de Dole1. Afin de collecter les fonds issus du vote des états de Salins et de les répartir selon les besoins de l’institution, ils désignent des distributeurs. Ceux-ci doivent placer, gérer, distribuer les revenus mais doivent aussi veiller à l’entretien des édifices.
Frontispice de l’année 1505, début du rectorat Guillaume Obrecht. Bibliothèque municipale de Besançon, Ms. 982, f°51.
Sur proposition du prince ou/et du collège de l’université, dont le recteur, les distributeurs disposent de la double responsabilité de recruter les meilleurs enseignants et d’en assurer leur revenu. Leur charge est surtout honorifique car les gages ne sont que de dix francs par an. Dès 1423-1425, les premiers distributeurs sont Robert de Baubigney, abbé de Saint-Paul de Besançon, Jean Chousat, ancien trésorier de Dole et receveur général des finances, pardessus2 de la saunerie de Salins et maître Étienne Basan, juriste. De 1441 et à 1452, viennent Guillaume Bourrelier et maître Jacques de Chassey de Dole, licenciés en lois, puis Jean de Fruyn doyen de Besançon. En 1461, c’est au tour d’Étienne Vurry, doyen de Dole, de Gérard Vurry et de Jean Carondelet, maîtres des requêtes du prince. Tous sont des gens de confiance, reflet des « élites » comtoises servant le prince et presque tous Dolois.
Les distributeurs bénéficient de l’assistance d’un receveur assermenté, homme de finance. Il s’agit, en 1423, de Guiot Vurry et de Régnier de Mailly, entre 1437 et 1445, de Hugon Druet, ancien trésorier de Dole, et, de 1461 à 1470, du marchand Pénice du Champ, anobli pour services rendus.
Le conseil de ville peut cependant parfois désigner lui-même un distributeur si l’office est vacant. Le 24 novembre 1486, cinq échevins élisent maître Claude Boudier, licencié en lois. Il en est de même pour Ytasse Du Champ, général des monnaies du comté, receveur général de l’université. En 1518, le très chevaleresque homme Guillerme de Boisset, secrétaire très méritant de Marguerite d’Autriche, sur lettres de recommandation de celle-ci, prête serment de fidélité et d’obéissance auprès du recteur Guillaume Perdriset. Il succède à Philippe de Chassey décédé, avec les honneurs, charges et rétributions. Le 20 avril 1525, François de Marenches, docteur en droit et trésorier de Vesoul, occupe cette fonction3.
Les délibérations municipales et les Annales permettent de mesurer l’importance de cette mission. Le conseil de ville exprime souvent son mécontentement quant au fonctionnement de l’université, par exemple sur la qualité pédagogique des maîtres, les libertés qu’ils s’octroient sans tenir compte des statuts ou encore sur les modalités d’attribution des grades. En ces cas, il s’adresse aux distributeurs, en lien direct avec le pouvoir. Le 15 décembre 1510, le mayeur les interpelle au sujet de l’attitude des docteurs. Le 17 février 1517, le mayeur et Jean Tirol intercèdent auprès du recteur afin qu’il dépose une requête des habitants auprès des distributeurs. Elle concerne les docteurs lisant ordinairement en l’université, et sera renouvelée, le 1er avril 1517, au sujet des docteurs régents en l’université.
Sous le rectorat de Guillerme Obrecht, le rôle essentiel des distributeurs dans le recrutement des enseignants se confirme. Le 1er décembre 1505, messire Jérôme Viquod, docteur en lois, est reçu pour la lecture extraordinaire de droit. La même année, messire Claude de Boisset, scientifique homme et futur doyen de Notre-Dame de Dole, est reçu comme lecteur ordinaire en droit pontifical selon la fonction que lui avaient attribué les maîtres distributeurs à condition qu’il obtienne rapidement le doctorat, ce qu’il accomplit le 10 janvier 1506. En 1523, Jean Bernardin de Valpergue, coseigneur de Candie, docteur en arts et en médecine, est nommé lecteur par messires les distributeurs de cette université pour diriger de belle façon la lecture ordinaire en art avec les honneurs, charges et rétributions2.