Édouard Bérard (1843-1912), élève d’Eugène Viollet-le-Duc, est architecte diocésain et architecte en chef de la ville de Besançon, après la mort d’A. Delacroix en 1878, jusqu’en 1884. C’est à ce titre qu’il crée plusieurs dessins pour l’université, des plans et des élévations jusqu’à présent inédits1.
Édouard Bérard, Coupe et élévation de l’avant-projet de Bibliothèque universitaire, 25 septembre 1880. Archives nationales, F/17/14486.
En janvier 1879, Agénor Bardoux (1829-1897), ministre de l’Instruction publique, indique au recteur Jules-Antoine Lissajous (1822-1880) sa volonté de voir les bibliothèques des deux facultés réunies. En conséquence, Éd. Bérard rédige, le 16 juillet 1880, un devis pour l’avant-projet de construction d’une bibliothèque de deux niveaux sur caves qu’il souhaite élever à l’emplacement des dépendances de l’académie, face au théâtre. Ses dessins, plans et élévation sont, quant à eux, signés le 25 septembre 18802.
Édouard Bérard, élévations sur le jardin et sur la rue Saint-Vincent des bâtiments de l’Académie, 24 mai 1882. Archives nationales, F/17/14486.
Le rez-de-chaussée du projet comprend, au centre, un passage voûté donnant accès à une galerie, également voûtée, conduisant au grand escalier de l’ancienne abbaye, dont il précise qu’il « devra être déposé et réparé à cause de son peu de solidité ». La galerie donne accès, sur la gauche, au bureau du secrétariat, au cabinet et aux archives ainsi qu’au bureau de location du théâtre et, sur la droite, à la loge du concierge et à des toilettes.
Le grand escalier du XVIIIe siècle conduit au 1er étage. Celui-ci abrite la « grande salle de lecture servant de Bibliothèque » éclairée par deux fenêtres donnant sur la rue Saint-Vincent, ainsi que par six grands châssis vitrés ouverts dans le toit. La façade est rythmée, au rez-de-chaussée, par des arcades striées de refends ornées de mascarons et, à l’étage, par des pilastres corinthiens complétés, au centre, par une grande table gravée « Académie de Besançon », surmontée d’un fronton brisé complété d’un buste. Une liaison avec l’abbaye du XVIIIe siècle est assurée par la continuité de la corniche ainsi que par la reprise du cintre des fenêtres. Malgré l’approbation ministérielle et le vote d’une subvention municipale, ce projet est abandonné à la suite du refus de la municipalité d’augmenter sa subvention d’un montant initial de 20 000 francs, qui s’avère insuffisant.
Le 24 mai 1882, Édouard signe des plans et des élévations des bâtiments de l’académie3. Les deux élévations sont les seuls témoignages retrouvés à ce jour permettant de restituer l’aspect des bâtiments hérités de l’abbaye de Saint-Vincent, avant les transformations de la fin du XIXe siècle et du XXe siècle.
Édouard Bérard, plan du rez-de-chaussée de l’université, 24 mai 1882. Archives nationales, F/17/14486.
L’élévation du côté du jardin présente notamment, au rez-de-chaussée, le détail des trois baies du salon académique dont la porte fenêtre donnait accès au jardin, ainsi que la toiture qui conserve encore son aspect du XVIIIe siècle. L’élévation du côté de la rue Saint-Vincent offre, quant à elle, un point de vue inédit sur les façades, d’inégales hauteurs, composant les locaux de l’académie. On distingue en particulier le corps en rez-de-chaussée donnant accès à la cour et au jardin, ainsi que la façade sur rue, large de cinq baies sur deux niveaux, de la grande aile de l’ancienne abbaye.