La vipère, poinçon de l’excellence de l’Observatoire de Besançon en 1897

François Meyer

En 1897, le ministre de l’Instruction publique et des beaux-arts autorise (figure 1) l’observatoire de Besançon à apposer un poinçon représentant une tête de vipère (figure 2) sur les montres qu’il certifie. Celles qui ont réussi avec succès les épreuves de contrôle de précision et de stabilité du service chronométrique seront reconnues sans ambiguïté.

Figure 1 : Reproduction de la lettre du ministre de l’Instruction publique de 1887 autorisant l’utilisation du poinçon. Observatoire de Besançon.

Figure 2 : Le poinçon à tête de vipère, d’après une gravure réalisée en 1897 par le graveur parisien Alphée Dubois sur commande de l’Observatoire. Observatoire de Besançon.

Publié dans le règlement chronométrique de 1909 (figure 3), ce poinçon se positionne sur la face visible du mouvement et indique à quelle classe (1re, 2e ou 3e) appartient le chronomètre. Il prouve la haute qualité métrologique d’une montre, véhicule une idée d’excellence et reconnaît un travail parfait (figure 4). Pendant la crise horlogère des années 1970, l’activité de ce poinçon s’éteint face au développement des centres horlogers d’Extrême-Orient et la concurrence acharnée de la Suisse voisine.

Figure 3 : Les règles d’application du poinçon vipère dans le règlement du service chronométrique. Observatoire de Besançon.

Figure 4 : Observation des montres sur le chronographe imprimant Prin, au sous-sol du pavillon de la méridienne, première moitié du XXe siècle. Observatoire de Besançon. Reproduction Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine, 2004, 200425000146XI. Yves Sancey.

En 2008, l’observatoire décide de donner une seconde vie à ses activités de certification, valorisant son expertise, ses méthodes, son savoir-faire et ses instruments de mesures toujours actuels. Cette renaissance de la vocation horlogère de l’observatoire de Besançon, capitale emblématique française dans ce domaine, est sollicitée par les plus grands noms. C’est pourquoi son poinçon « la vipère » reste, aux yeux des collectionneurs et amateurs d’horlogerie, un label prestigieux et un gage de qualité extrême. À l’époque, comme actuellement, seuls trois organismes au monde sont susceptibles de contrôler les montres. Il s’agit du COSC, à Genève, du centre de WEMPE Glashütte en Allemagne, et de l’observatoire de Besançon.

L’observatoire a relancé ses activités chronométriques et délivre à nouveau les bulletins de marche récompensant les montres. C’est ainsi que le premier certificat est décerné, en 2008, à l’artisan Kari Voutilainen, horloger finlando-suisse, lauréat en 2007 du concours prestigieux de la ville de Genève (figure 5). Celui-ci exige que sa montre soit livrée avec le poinçon « la vipère » de l’observatoire. S’il choisit ce poinçon, c’est pour sa réputation d’excellence et d’indépendance, arrimée à un solide savoir-faire né de son histoire. Depuis, dans le sillage de cette renaissance, d’autres grandes marques et artisans d’excellence, attachés à la cohérence métrologique de leur démarche, déposent des montres à l’observatoire de Besançon afin de recevoir la consécration du poinçon vipère.

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