Les Absberg sont une famille noble franconienne dont les membres ont fait de belles carrières ecclésiastiques et séculières dans la seconde moitié du xve siècle[1]. Karl évolue dans le sillage de son frère aîné, Georg von Absberg († 1490), qui finit à Bologne ses études de droit par un doctorat en droit canonique. Karl effectue un étonnant parcours académique (peregrinatio academica), s’inscrivant à Erfurt et Leipzig en 1469, à Dole en 1470, à Heidelberg en 1472, puis à Fribourg-en-Brisgau en 1480, enfin à Ingolstadt en 1482. Les premières étapes, dont Dole, sont attestées par les certificats d’études que Karl a dû présenter pour justifier son absence au chapitre de la cathédrale de Ratisbonne, dont il est membre[2]. Les deux frères ont des relations avec la cour du comte Ulrich V de Wurtemberg, dont les territoires comprennent alors le comté de Montbéliard, ce qui pourrait avoir attiré l’attention de Karl sur Dole et son université. Il n’a, semble-t-il, pas poursuivi ses études au-delà de la faculté des arts, où il n’obtient aucun diplôme universitaire.
Monument funéraire de Karl von Absberg, cloître de la cathédrale d’Eichstätt, 1521. Le défunt, agenouillé en position d’orant, est présenté à un Christ aux outrages par saint André. Ce bas-relief est de Loy Hering (1484/85-1554), l’un des sculpteurs les plus prolifiques de la Renaissance en Allemagne. Pascal Brunet. Der Eichstätter Dom, Database Dom, Mortuarium und Kreuzgang. mediaKU.de
À la dignité de chanoine de Ratisbonne, Karl von Absberg ajoute plus tard d’autres canonicats à Eichstätt et à Würzburg. À partir de 1497, il officie comme chancelier de l’archevêque de Mayence, puis après 1500 comme maître de cour et chancelier de l’évêque d’Eichstätt. Son frère Georg occupe des fonctions politiques importantes à la cour du margrave et prince-électeur de Brandebourg à Ansbach, ainsi qu’auprès des comtes de Wurtemberg à Stuttgart et du duc du Tyrol à Innsbruck. Financier très prospère, il prête également de l’argent aux Hohenzollern et, en 1483, il est nommé chambellan de l’Empire.
Bien qu’ils ne se soient pas, eux-mêmes, distingués comme hommes de lettres, Georg et Karl sont en contact avec les cercles humanistes du sud de l’Allemagne, en particulier avec Niklas von Wyle († 1479), deuxième chancelier du comte Ulrich V de Wurtemberg de 1469 à 1478, qui a traduit pour la première fois en allemand de nombreux textes d’humanistes italiens. Il a ainsi joué un rôle décisif dans la transmission des concepts humanistes comme dans le développement de la langue écrite allemande. Il dédie à Georg von Absberg l’édition complète de ses traductions, qu’il fait imprimer à la fin de sa vie. En 1474, il compose pour Ursula, l’épouse de Georg, un recueil de textes traduits intitulé Éloge des femmes (Lob der Frauen). Dans l’introduction, il informe le lecteur que, selon Karl von Absberg, sa belle-sœur souhaite lire, après tant de diatribes contre les femmes, une défense de leur sexe[3]. En 1460 déjà, Ludwig von Eyb, actif dans l’entourage des Hohenzollern de Franconie, a adressé à Georg un traité sur la question de savoir « si un homme sage doit se marier », qui répond par l’affirmative. En 1501, Karl von Absberg est invité à une rencontre humaniste par le savant prévôt de Nuremberg Sixtus Tucher[4].
L’épitaphe de Karl, dans le cloître de la cathédrale d’Eichstätt, est l’œuvre de Loy Hering, l’un des sculpteurs les plus prolifiques de la Renaissance en Allemagne.