Jean-Baptiste Bullet (1699-1775)

Manuel Tramaux

Jean-Baptiste Bullet, né le 13 juin 1699 à Besançon, est élève du collège des jésuites de la ville avant d’entrer au grand séminaire, puis de devenir chapelain à la collégiale Sainte-Madeleine de Besançon1. Docteur en théologie en 1722, alors qu’il n’est encore que diacre, il poursuit ses études à Paris et entre en contact avec les grands érudits de son temps, comme le jésuite controversé Jean Hardouin (1646-1729) qui va l’intéresser notamment aux langues anciennes, ou encore le prêtre historien Jean Lebeuf (1687-1760). Ces rencontres sont déterminantes pour l’abbé Bullet, de même que son amitié avec le chanoine bisontin Jean-Baptiste Fleury (1698-1754), historien local reconnu.

J. B. Bullet, Professeur à l’université de Besançon”, lithographie de Valluet frères, 48 rue Battant à Besançon. Bibliothèque municipale de Besançon, EST.FC.1479.

Introduit à l’université de Besançon par l’abbé Claude Guillet, ancien directeur au séminaire de Besançon devenu professeur de théologie à l’université (1713), puis recteur (1719), J.-B. Bullet est d’abord chargé de cours en théologie, avant d’assurer la vacance de la chaire au décès de C. Guillet (1727) ; finalement, il en devient titulaire après concours l’année suivante2.

Notice biographique de Jean Baptiste Bullet. Bibliothèque municipale de Besançon, Ms. 978.

Érudit infatigable, l’abbé Bullet, également membre des académies de Besançon, de Dijon et de Lyon, publie plusieurs ouvrages où se mêlent l’histoire, la théologie, la philologie et l’Écriture sainte, utilisées souvent à des fins apologétiques3. Il est aussi l’auteur d’études historico-liturgiques et, plus étonnamment, d’un opuscule sur les cartes à jouer. Toutefois, son grand-œuvre reste ses célèbres Mémoires sur la langue celtique, publiés en trois volumes entre 1754 et 17604.

Signature de Jean Baptiste Bullet sur un diplôme de 1771. Archives municipales de Besançon, 3Z25, fonds d’Orival.

Au regard de sa production hétéroclite, les bibliographes ont souvent qualifié l’abbé Bullet de savant dispersé. Il s’inscrit, bien au contraire, dans une logique toute particulière, celle de la théologie positive qu’il professait à l’université de Besançon. Contrairement à la théologie scolastique5 purement spéculative (Anselme de Cantorbéry, Thomas d’Aquin…), la théologie positive est une œuvre rationnelle qui met en perspective la raison et la foi en renversant l’argumentation classique : son but est d’éclairer l’immatériel et le surnaturel en interrogeant l’expérience humaine.

Universitaire reconnu et apprécié, J.-B. Bullet enseigne la théologie à contre-courant et en dehors des milieux ecclésiaux, dans une perspective rationaliste imprégnée des Lumières, laquelle n’est pas dénuée de foi. Il est en ce sens un homme de l’entre-deux, typique d’une époque où le divorce n’était pas encore totalement consommé entre la foi et la raison. Jean-Baptiste Bullet décède à Besançon le 6 septembre 1775.

Signature de Jean Baptiste Bullet sur un diplôme de 1771. Archives municipales de Besançon, 3Z25, fonds d’Orival.

Notes :
1 – Jean-Baptiste-Simon Jacquenet, Histoire du séminaire de Besançon, Reims, Bonnefoy, 1864, p. 401-409. 2 – Bernard Lavillat, « Les professeurs de l’ancienne université de Besançon (1691-1793). Éléments d’histoire sociale », Procès-verbaux et Mémoires de l’Académie des sciences, belles-lettres et arts de Besançon et de Franche-Comté, vol. 189, 1990-1991, p. 129-161. 3 – Partie de la théologie ayant pour objet d’établir, par des arguments historiques et rationnels, le fait de la révélation chrétienne. 4 – Bib. Mun. de Besançon, Ms Académie no 10 (6e vol. : 1764-1773), p. 11 sq. : « Éloge de M. l’abbé Bullet par M. Droz ». 5 – « Scolastique : philosophie et théologie des Écoles traditionnelles, telles qu’elles se sont développées depuis le XIIIe siècle, suivant une méthode essentiellement rationnelle et déductive. Elle vise à concilier l’apport de la philosophie grecque avec la théologie chrétienne héritée des Pères de l’Église et d’Anselme », d’après Louis Bouyer, Dictionnaire théologique, Bruges, Desclée de Brouwer, 1995. Bibliographie
  • Bib. Mun. de Besançon, Ms Académie no 10 (6e vol. : 1764-1773), p. 11 sq. : « Éloge de M. l’abbé Bullet par M. Droz ».
  • Bernard Lavillat, « Les professeurs de l’ancienne université de Besançon (1691-1793). Eléments d’histoire sociale », Procès-verbaux et Mémoires de l’Académie des sciences, belles-lettres et arts de Besançon et de Franche-Comté, vol. 189, 1990-1991, p. 129-161.
  • Jean-Baptiste-Simon Jacquenet, Histoire du séminaire de Besançon, Reims, Bonnefoy, 1864, p. 401-409.
 
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