Du cabinet d’histoire naturelle aux musée universitaire et muséum de Besançon

Arnaud Mouly

Le cabinet d’histoire naturelle de Besançon voit le jour après la Révolution dans le cadre des impulsions nationales pour l’instruction avec l’organisation de l’école centrale. Le professeur Jean Antoine Debesses (1751-1825) est ainsi responsable du développement de ce nouveau cabinet. Il bénéficie d’un maigre apport de quelques collections préalables du cabinet du père Tiburce, capucin de Besançon et savant naturaliste mort à Rome en 1798, et des restes des collections du chevalier de Sorans, auxquels s’ajoutent des échantillons issus de confiscations révolutionnaires, soit « quelques tatous, un pélican, un courlis rouge de Guyane, 2 000 coquillages et quelques fucus » provenant des émigrés Saint-Mauris. Debesses est accompagné dans sa mission par le naturaliste Justin Girod de Chantrans (1750-1841), dont il fait acquérir les collections personnelles en 1800-1801. Fin 1801, les collections naturalistes sont saisies par les autorités municipales sur ordre du préfet et transférées à l’académie de Besançon, rue Saint-Vincent1.

Le musée d’histoire naturelle de Besançon au début du XXe siècle. Archives départementales du Doubs, 68J1. L. Besançon.

Leur gestion est confiée à Frédéric Gevril, employé de la ville comme conservateur des collections naturalistes et artistiques. Ce scientifique passionné enrichit le cabinet, aidé dans son œuvre par le premier recteur de l’académie, Jean-Jacques Ordinaire (1770-1843), et par son frère, Désiré Ordinaire (1773-1847), professeur d’histoire naturelle à la faculté des sciences de Besançon. Le cabinet d’histoire naturelle est inventorié en 1819 : il comprend 8 280 objets en tout, dont l’essentiel appartient à la ville, un cinquième provient des collections universitaires des anciennes facultés de médecine et de sciences, ainsi que quelques objets, propriété de Gevril.

Détail de la couverture de l’inventaire du Cabinet d’histoire naturelle dressé par Frédéric Gevril (v. 1773-1856), conservateur, en décembre 1819. Archives municipale de Besançon, 2R5.

En 1844-1845, lors de la recréation d’une faculté des sciences à Besançon, comprenant une chaire de zoologie et botanique et une chaire de géologie et minéralogie, le conseil municipal vote la cession des collections pour constituer un musée du cabinet d’histoire naturelle de Besançon, sous la gestion scientifique des professeurs Charles Grenier (1808-1875) et Achille Delesse (1817-1881). Les collections du cabinet sont alors réorganisées scientifiquement et régulièrement enrichies. Une partie de la collection locale s’organise autour d’un musée régional d’histoire naturelle, jouxtant le musée d’histoire naturelle à l’académie.

Pierre Marnotte, “Plan de l’étage d’une partie des batiments de l’Académie pour servir à l’établissement du Cabinet d’histoire naturelle et d’un musée”, 10 mai 1827. Archives municipale de Besançon, 4M83.

Pierre Marnotte, coupe transversale du cabinet d’histoire naturelle, 10 mai 1827. Bien que simplifiées, ces arcades néoclassiques sont toujours présentes dans la salle de lecture de la bibliothèque universitaire de lettres et sciences humaines. Archives municipale de Besançon, 4M83.

Après la Seconde Guerre mondiale, l’augmentation du nombre d’étudiants et le développement de la recherche rendent nécessaire une réorganisation. La construction, à partir de 1957, d’un Institut des sciences naturelles de Franche-Comté, place du général Leclerc, est confiée à l’architecte René Tournier. Les collections de zoologie, de botanique et de géologie restent gérées indépendamment, mais continuent d’être enrichies.

En parallèle, diverses collections naturalistes sont régulièrement cédées à la ville, qui les conserve au musée régional, rue Mégevand, puis rue de la Préfecture, dans l’ancienne église abbatiale des Carmes. Ce musée jurassien est ensuite municipalisé en muséum d’histoire naturelle en 1943. Sa section d’histoire naturelle intègre la citadelle en 1959.

Détail de la couverture de l’inventaire des roches et fossiles de la chaîne du Jura, faculté des sciences de Besançon. Archives municipale de Besançon, 2R5.

Détail de la couverture de l’inventaire des vertébrés, faculté des sciences de Besançon. Archives municipale de Besançon, 2R5.

Notes :
1 – Installée dans l’actuelle faculté des Lettres et Sciences humaines, rue Mégevand.
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