Nicolas Perrenot de Granvelle (1486-1550)

Marie Barral-Baron

Nicolas Perrenot, seigneur de Granvelle au comté de Bourgogne, brille d’un éclat singulier dans l’histoire de la Franche-Comté et de l’Empire des Habsbourg. Issu d’une famille de paysans originaires du village d’Ouhans, près de la source de la Loue, à 600 mètres d’altitude sur le deuxième plateau du Jura, il est né à Ornans, l’un des trois sièges du bailliage de Dole, où ses ancêtres décident de s’installer à la fin du xive siècle. Nicolas voit sans doute le jour durant l’année 1486, dans le foyer de Pierre Perrenot, notaire, et d’Étiennette, aîné d’une fratrie de six enfants. À l’âge de 18 ans, en 1504, Nicolas rejoint l’université de Dole, comme l’attestent les matricules de l’établissement. Dans cette université, le jeune homme reçoit l’enseignement du Piémontais Mercurino Gattinara, remarquable jurisconsulte de son temps, célèbre dans toute l’Europe de la Renaissance. Il profite également des cours d’Antoine de Baumotte, recteur de l’université doloise dès 1501.

Portrait de Nicolas Perrenot de Granvelle (1486-1550), garde des sceaux de Charles Quint, Le Titien (1488-1576), 1548. Ce portrait du garde des sceaux de l’empereur est l’œuvre du grand Titien. Il a été peint en 1548. Nicolas Perrenot, seigneur de Granvelle, est alors âgé de 62 ans. Le peintre et le garde des sceaux séjournent à Augsbourg, aux côtés de l’empereur qui y préside une diète impériale, tenue entre septembre 1547 et juin 1548. L’empereur, fort de sa récente victoire à la bataille de Mühlberg, a en effet invité le maître vénitien à le peindre, donnant notamment naissance au célèbre portrait équestre conservé au Prado. C’est dans cette même ville d’Augsbourg, lors d’une nouvelle diète impériale, que Nicolas trouve la mort, le 27 août 1550. Pascal Brunet. Besançon, Musée du Temps, Inv. 1694.1. Pierre Guenat.

Toutefois, la cité de Dole n’est pas seulement le lieu des apprentissages, elle est aussi un endroit clé pour l’éclosion des amitiés et des réseaux de pouvoir. Au sein de l’université, Nicolas fait la connaissance de futurs grands personnages de son temps, tel Antoine de Vergy (1487-1541), élu archevêque de Besançon en 1502, alors qu’il n’a que quatorze ans et est encore étudiant à Dole. Si Antoine n’est sacré qu’en 1517, il jouit immédiatement des prérogatives liées à sa charge. Ce dernier n’hésite pas à en faire profiter ses condisciples de l’université. Dès le 6 août 1511, Nicolas, qui a terminé ses études, devient ainsi son avocat auprès du chapitre de Besançon. Il s’installe alors dans la cité bisontine et se lie bientôt avec la première famille de la ville, les Bonvalot. Il rencontre Nicole (v. 1490-1570), la fille du magistrat co-gouverneur, Jacques Bonvalot, futur seigneur de Champagney, qu’il épouse en 1513. Le premier enfant du couple, né en 1514, reçoit pour parrain Antoine de Vergy. Le rôle de l’université de Dole dans la conquête du pouvoir par Nicolas Perrenot est absolument majeur.

Les Vergy participent encore à l’élévation de la famille Granvelle en attirant l’attention de Marguerite d’Autriche sur Nicolas. Mieux même, comme ce dernier a laissé le souvenir d’un étudiant plein d’ardeur au travail et doté de fortes qualités intellectuelles, ses professeurs dolois le gardent en haute estime. Gattinara, qui a occupé la charge de président du parlement de Dole et qui est sur le point d’endosser le rôle de grand chancelier de l’Empire, le recommande aussi à Marguerite d’Autriche qui le nomme, en 1518, par lettres patentes, conseiller au parlement doloi –. nomination exceptionnelle lorsque l’on sait que Nicolas n’a pas encore soutenu sa thèse de doctorat.

À 32 ans, N. de Granvelle est prêt pour occuper des charges à la hauteur de ses talents et de son ambition. En 1519, grâce au soutien de Marguerite et de Gattinara, il est fait maître des requêtes au conseil des Pays-Bas et entre bientôt au conseil privé de Charles Quint. Entre 1522 et 1524, il s’impose comme premier conseiller de l’empereur. Véritable chancelier de l’Empire, charge qu’il partage avec Francisco de Los Cobos y Molina (v. 1470-1547), il n’est désormais plus une seule affaire d’importance qui ne soit traitée à la cour impériale sans que Nicolas n’en soit informé. C’est à Augsbourg qu’il s’éteint, le 27 août 1550, à l’âge de 64 ans.

Habile conseiller, garde des sceaux dévoué, ce Franc-Comtois pétri par les conseils érasmiens de Gattinara est fort apprécié par Charles Quint, qui a reconnu en lui un double de lui-même, un être définitivement fidèle et tragiquement irénique.

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