Marie Phisalix (1861-1946) et Césaire Phisalix (1852-1906)

Catherine Tondu

Née en 1861 à Besançon, Marie Picot (1861-1946) passe une agrégation de sciences à Sèvres en 1888, fait rare pour une fille à l’époque, puis soutient une thèse de médecine à Paris en 1900, devenant l’une des premières femmes en France à obtenir le grade de docteur dans cette discipline.

Photographie de Marie Phisalix, en toge de docteur. Bibliothèque municipale de Mouthier-Haute-Pierre, association L’as-tu Syratu.

Diplôme de docteur en médecine de Marie Phisalix, obtenu le 21 juin 1900. Collection particulière, Docteur Patrice Borel.

Entre les deux, elle épouse en 1895 Césaire Phisalix (1852-1906), natif de Mouthier-Haute-Pierre dans le Doubs, dont elle défendra et poursuivra l’œuvre scientifique longtemps après la mort. Césaire Phisalix est, lui, médecin et titulaire d’un doctorat ès sciences ; nommé préparateur, puis chef de travaux en zoologie à la faculté des sciences de Besançon, il occupe ces postes à la fin des années 1880 avant d’entrer au Muséum d’histoire naturelle de Paris.

Diplôme de docteur en médecine de Césaire Phisalix, obtenu le 29 janvier 1877. Collection particulière, Docteur Patrice Borel.

S’il est l’auteur de nombreux travaux sur l’immunité naturelle des animaux, sa découverte majeure est le sérum contre le venin de vipère, qu’il met au point avec le pharmacien Gabriel Bertrand en 1894.

Le procédé consiste à affaiblir le microbe par la chaleur pour vacciner un animal, puis à utiliser le sérum du sang de cet animal, qui a acquis la capacité de neutraliser les toxines microbiennes, en traitement curatif chez l’homme1.

Après le décès prématuré de son époux, Marie Phisalix poursuit leurs travaux au laboratoire d’herpétologie du Muséum où, en qualité d’attachée bénévole, elle travaille jusqu’à sa mort. À l’instar de celle de son mari, la carrière admirable de « la grande prêtresse des animaux venimeux » est maintes fois récompensée. Elle a réalisé un immense travail sur les venins de serpent et a étendu ses travaux aux autres animaux venimeux. Ses publications et ouvrages font toujours référence.

Les époux Phisalix2 reposent à Mouthier-Haute-Pierre, où Christophe Cupillard, ingénieur en préhistoire, retraité de la DRAC de Bourgogne Franche-Comté, et chercheur associé au laboratoire de Chrono-environnement de l’université de Franche-Comté, entretient leur mémoire dans le petit musée qui leur est consacré au premier étage de la mairie où il a été mis en place, en 1912, par Marie Phisalix. Les deux époux sont désormais également unis dans le quartier de Fontaine-Écu à Besançon, depuis que, à la demande de Claude-Roland Marchand en 2012, le prénom de Marie a été ajouté à celui de Césaire sur les plaques de la rue qui porte leur nom. La rue Césaire et Marie Phisalix leur rend désormais hommage à tous deux.

Notes :
1 – Claude-Roland Marchand, enseignant-chercheur en biologie retraité de la faculté des sciences de Besançon. Numéro spécial du journal en direct, mai 2023, L’université de Franche-Comté a six cents ans. 1423-2023. 2 – Christophe Cupillard et Pierre-Yves Videlier, Césaire et Marie Phisalix. Deux savants au pays de Courbet. Hommage de la commune de Mouthier-Haute-Pierre. Ornans, Imprimerie Simon, 2006.
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