Grâce au subside voté par les états en avril 1423, Philippe le Bon peut recruter des maîtres et les rémunérer (lettre du 22 juin 1423). Ainsi, le duc envoie des émissaires ramener les meilleurs professeurs, d’Italie, du duché de Milan comme Raymond de Marlian (1441), et d’Ivrée, comme Anselme de Marenches (1452), ou encore de Flandre, tel Jean de Maldeghem (1429); plus tard, Jean Heberling, docteur en médecine venu d’Allemagne, Christophe Chaillot, juriste venu du Queyras…
D’autres enseignants ont un ancrage comtois ou bourguignon : Antoine de Roche, bénédictin venu de Poligny et formé à Dole, Etienne de Lavangeot, chanoine ayant officié en Bourgogne et à Beaune, peut-être proche des Riolin, originaire du village de Lavangeot, ou Pierre de Héris, médecin venu de Dijon.
Ces maîtres bénéficient d’un contrat de deux ou trois années, renouvelable – on le sait pour Anselme de Marenches. Les distributeurs, chargés du renouvellement, statuent régulièrement sur la pertinence de leur enseignement. Au-delà de certains docteurs lisant, eux aussi choisis par le prince, le rôle des distributeurs et receveurs dans les recrutements est précisé, dès 1481-1498, dans les registres matricules et dans les délibérations municipales1 et 2.
Les recrutements exceptionnels n’y figurent pas, comme le révèle le cas d’Agrippa. En 1509-1510, il enseigne à Dole, bien qu’aucune mention n’indique son recrutement par le collège. En revanche, Odo de La Tour est cité, ainsi que Louis de Marenches ou messire Claude de Boisset : « le collège [constitué du recteur, du procureur général, des procureurs et conseillers des facultés des arts, de droit civil et de droit canon] ayant été convoqué dans l’église collégiale de Dole au lieu accoutumé, l’impétrant scientifique homme et messire Claude de Boisset [est] reçu comme lecteur ordinaire en droit pontifical selon la fonction que lui avaient attribué les maîtres distributeurs à condition qu’il accepte le grade de docteur [au bout d’un trimestre], ce qu’il a accompli », le 10 janvier 15063, et bien d’autres, recrutés comme lecteurs, régents des facultés…
Les rémunérations varient aussi : Anselme de Marenches est recruté sur la base de 200 livres, puis sa rémunération est ramenée à 150 livres – donc proche de celle du bailli, représentant du prince –, avant d’être ensuite rétablie. Toutefois, à ce qui s’apparente à un salaire, s’ajoutent parfois des dons du prince. Tout comme les officiers de l’administration, ces universitaires servant ponctuellement le prince peuvent aussi bénéficier de rémunérations à l’acte. Certains agissent pour leur propre compte. Le droit étant la spécialité de base de ces maîtres, ils peuvent, en effet, dispenser facilement leurs conseils à des nobles ou à des bourgeois contre des émoluments. Dès les XVe et XVIe siècles, certains universitaires comme Heberling, Chaillot (même si le reproche lui en est fait), Anselme, Jean et Louis de Marenches sont « élus » au conseil de ville de Dole et consultés ou sollicités dans différentes affaires.