Les souvenirs de l’abbaye des bénédictins de Saint-Vincent dans le site Mégevand de l’université

Pascal Brunet

Louée en 1810, puis acquise par la ville de Besançon en 1812 pour y loger l’académie et les facultés, cette propriété est, des siècles durant, de sa fondation en 1092 et jusqu’à la Révolution, celle des moines de l’abbaye des bénédictins de Saint-Vincent. Depuis le Moyen Âge, le nom de la rue était Saint-Vincent. Rue de la Liberté pendant la Révolution, elle devient la rue Mégevand1 en 1894 (figure 1).

Figure 1 : « Façade du bâtiment des R. P. [révérends pères] Bénédictins de l’abbaye St Vincent de Besançon, que l’on prétend faire sur la rue ». Cette élévation présente les nouveaux bâtiments de l’abbaye édifiés sous Louis XV. Le projet de portail, identique à ceux de la chapelle Saint-Etienne (1683) et de l’abbaye des Carmes, n’a finalement pas été exécuté. Archives municipales de Besançon, DD36.

Le site universitaire actuel conserve heureusement plusieurs éléments patrimoniaux hérités de cette longue histoire. Il s’agit, en particulier, de l’ancien cloître (figure 2), que l’on découvre après avoir franchi le portail du 30 de la rue Mégevand. Ce dernier, tout comme le portail, date du milieu du XVIIIe siècle. Un puits, longtemps placé en son centre, est encore attesté dans le descriptif de 1810. L’une des deux galeries qui entouraient ce cloître est toujours visible : elle donne accès aux différents bureaux du rez-de-chaussée ; la seconde abrite désormais la bibliothèque de l’ISTA.

Figure 2 : Vue d’un angle de l’ancien cloître des bénédictins de Saint-Vincent. Gérard Dhenin

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Le deuxième élément important hérité de l’ancienne abbaye est le grand corps de logis donnant sur le jardin, au sud du cloître. Celui-ci, à l’exception de sa toiture remaniée au début des années 1950 par René Tournier, a conservé sa physionomie du milieu du XVIIIIe siècle.

Figure 3 : Escalier d’honneur de l’ancienne abbaye. Gérard Dhenin.

Deux magnifiques éléments anciens témoignent également des aménagements de l’ancienne abbaye. L’escalier d’honneur, dont le marché du garde-corps a été passé le 16 septembre 1747 avec Gaspard Monnier (1679-1749), maître serrurier2 (figure 3), et l’ancienne chambre à coucher de l’appartement du rez-de-chaussée de l’abbaye. Désormais bureau du doyen de l’UFR lettres et sciences humaines (figures 4 et 5), cette pièce a conservé sa cheminée3 « en pierre de Damparis4 », ainsi que de superbes boiseries et décors néoclassiques des années 1780. Ces derniers peuvent être notamment rapprochés de ceux de la grande sacristie de la cathédrale Saint-Jean, conçus vers 1772 par Alexandre Bertrand. Une troisième pièce est également préservée : il s’agit de l’ancienne salle à manger5 aux  décors néoclassiques qui sont, pour l’instant, masqués.

Figure 4 : Détail des boiseries néoclassiques du bureau du doyen de l’UFR SLHS. Gérard Dhenin.

Figure 5: Cheminée du bureau du doyen. Gérard Dhenin.


Notes :
1 – Laurent Mégevand (1754-1814), horloger suisse fondateur. 2 – AD Doubs, 1H199. 3 – Assez proche de celle dessinée par Alexandre Bertrand pour le grand-salon de l’hôtel Terrier de Santans au 68, Grande-Rue (Besançon). 4 –  Une pierre marbrière du Jura. 5 – Bureau de la responsable des services administratifs et financiers.
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