Les registres d’inventaire des bibliothèques de l’université de Franche-Comté permettent de découvrir les noms de généreux donateurs d’ouvrages, anciens ou modernes, afin de les offrir à la lecture et aux recherches des étudiants, des enseignants-chercheurs et de tous les curieux. Parmi cette foule de donateurs, certains, comme Gustave Eiffel (1832-1923)1, Andrew Carnegie, le roi de Thaïlande Rama V (1853-1910)[2] ou le prince Albert Ier de Monaco3 (1848-1922), sont des célébrités ayant adressé des livres à de nombreuses bibliothèques, en France, en Europe et dans le monde entier. D’autres sont devenus donateurs des bibliothèques universitaires de Franche-Comté par patriotisme local ou par attachement pour Besançon et sa région. D’autres, enfin, ont entendu enrichir les collections en raison de leurs liens avec l’université et ses différentes facultés, avec les recteurs d’académie, les doyens, les professeurs, les bibliothécaires ou les étudiants.
Ex libris du War service Library dans l’ouvrage de WM. L. Clarck Jr, Handbook of Criminal Law, Saint Paul, West Publishing Co., 1915. Université de Franche-Comté, Bibliothèque Proudhon. Gérard Dhenin.
Selon les usages internationaux, nos bibliothèques reçoivent également des envois de publications, nombreux et réguliers, de la part de prestigieuses bibliothèques nationales, municipales et universitaires situées en Europe et bien au-delà. Maintes institutions régionales, nationales et internationales se sont également montrées prodigues.
À l’intérieur de l’université, plusieurs membres du personnel de la bibliothèque font preuve d’altruisme. Parmi les bibliothécaires, Félix Prieur (1859-1927) en offre 120 et Georges Gazier (1875-1951) deux, ainsi que messieurs André et Courtecuisse, « anciens surnuméraires de la bibliothèque », et Guillaume, « garçon à la Bibliothèque universitaire ».
C’est également le cas de nombreux enseignants et doyens. Parmi ces derniers, Henri Sainte-Claire Deville (1818-1881), professeur de chimie et premier doyen de la faculté des sciences (1844–1850), en offre un. 61 ouvrages scientifiques propriétés d’Alexandre Vézian (1821-1903), professeur en géologie et minéralogie (1862-1879) et doyen de la faculté des sciences (1878- 1891) sont donnés par sa fille. Avec le don de 198 ouvrages, essentiellement historiques, Léonce Pingaud (1841-1923),enseignant à la chaire d’histoire (1874-1911) est l’un des plus généreux donateurs des bibliothèques universitaires. Edmond Colsenet (1847-1925),professeur de philosophie (1885–1919) avant d’être doyen (1888–1919), attribue sept de ses ouvrages, essentiellement de philosophie. Madame Elliot offre 306 ouvrages choisis dans la bibliothèque scientifique de son fils défunt, Victor Zéphirin Elliot (1847-1894), professeur en mathématiques pures et en calcul différentiel et intégral (1877–1894), doyen de 1891 à 1894. Léon Boutroux (1851-1921), titulaire de la chaire de chimie (1885–1921) et doyen de la faculté des sciences (1894–1900), en confie huit. Édouard Droz (1855-1923), professeur de littérature, fait don de 35 volumes et Hilaire Van Daele (1863-1943), professeur de littérature grecque, de trois exemplaires de ses œuvres. Enfin, Jean Guiraud (1866-1953), professeur d’histoire et de géographie de l’Antiquité et du Moyen Âge, donne cinq livres d’histoire à la bibliothèque universitaire.
Ex libris de l’American Library Association dans l’ouvrage de WM. L. Clarck Jr, Handbook of criminal law, Saint Paul, West Publishing Co., 1915. université de Franche-Comté, Bibliothèque Proudhon. Gérard Dhenin.
La Société d’émulation du Doubs accorde à la bibliothèque de l’université plusieurs dizaines de livres, principalement scientifiques, consacrés notamment à la géologie et à la botanique, publiés aux XIIIe et XIXe siècles.
D’autres dons proviennent des États-Unis. La bibliothèque universitaire Proudhon à Besançon conserve 17 ouvrages de droit et d’économie, publiés entre 1900 et 1919, et offerts en 1919 à « l’Université de Besançon » par le War Service Library. Créé par l’American Library Association en 1917, cet organismefournit des services de bibliothèque aux soldats américains s’entraînant dans des camps et servant à l’étranger pendant la Première Guerre mondiale. Deux ex-libris, collés à l’intérieur de ces ouvrages, permettent de garder le souvenir de l’origine spécifique de ces ouvrages, ainsi que la raison et l’objectif de ce don : « ces volumes ayant achevé leur service auprès des forces expéditionnaires américaines sont à présent déposés par l’association des bibliothèques américaine à l’université de Besançon afin qu’ils poursuivent la promotion de la cause de la civilisation, Paris, 1919 ».
Andrew Carnegie (1835-1919), industriel écossais naturalisé américain, est l’un des magnats de l’industrie de l’acier aux États-Unis à la fin du XIXe siècle. Cette fortune colossale (censée être la 4e plus importante de tous les temps) lui permet également de jouer un rôle philanthropique. Il envoie près de 900 ouvrages à la bibliothèque de l’université de Besançon, qu’il a choisie avec celles des universités de Lyon, Marseille, Nancy, Toulouse, Strasbourg pour recevoir l’ensemble des publications de l’institut Carnegie. La bibliothèque du Congrès américain offre, quant à elle, 29 ouvrages,dont un grande partie traite de questions de droit et droit international, de géopolitique dans les Balkans et de la Première Guerre mondiale.
Le cercle des Ukrainiens a fait don d’un ouvrage de Romain Sembratovytch, Le tsarisme et l’Ukraine4.
Ces nombreux gestes de bienveillance ont contribué à enrichir les collections universitaires. Ils sont autant d’encouragements pour les étudiants et les professeurs à étudier, enseigner et chercher, et marquent la reconnaissance de la valeur profonde de l’enseignement supérieur chez ces mécènes.
