La loi du 10 mai 1806 crée l’Université impériale. Les trois écoles de médecine (Paris, Strasbourg, Montpellier), établies par la Convention en 1794, sont transformées en facultés de médecine. Dans de nombreuses villes, les écoles libres de médecine de la période révolutionnaire deviennent des écoles secondaires de médecine, intégrées dans la nouvelle Université impériale. La ville de Besançon, malgré ses demandes réitérées, n’est pas immédiatement le siège d’une école secondaire de médecine. Le décret du 7 août 1806 remplace l’école libre de médecine de la période révolutionnaire en établissant « dans l’hospice des malades de la ville de Besançon, des cours pratiques de médecine, de chirurgie, et de pharmacie, destinés spécialement à l’instruction des officiers de santé »1. Ces derniers, considérés comme des « médecins de deuxième ordre », ne peuvent exercer que dans le département dans lequel ils ont été reçus par un jury spécialisé.
Figure 1 : Pierre François Briot (1773-1826), professeur d’anatomie des Cours pratiques de médecine et de chirurgie. Bibliothèque municipale de Besançon, EST.FC.1448.
Le 22 septembre 1806, le ministre de l’Intérieur nomme six professeurs pour les nouveaux cours pratiques. Il s’agit de : Nicolas Vertel (1767-1845) et Jean Antoine Pécot (1757-1807), respectivement médecin et chirurgien de l’hospice Saint-Jacques ; Jean-Baptiste Collard (1769-1837) et François Thiebault (1771-1840), tous deux ex-professeurs de la faculté de médecine de l’Ancien Régime et de l’école libre révolutionnaire ; Pierre-François Briot (1773-1826), chirurgien de la maison de Bellevaux (figure 1) ; Jean-Baptiste Euvrard (1745-1825), pharmacien. Ils sont rémunérés par les hospices civils de Besançon. Le président des cours change chaque année et doit régulièrement adresser un rapport d’activité au conseil des administrateurs des hospices civils de Besançon2 (figure 2).
Figure 2 : Rapport annuel du professeur Nicolas Vertel, président des cours en 1814. Bibliothèque municipale de Besançon, 340984, pièce n° 6.
L’inauguration des nouveaux cours pratiques a lieu lors d’une rentrée solennelle, le 2 janvier 1807, dans la salle d’honneur de l’hôpital Saint-Jacques où Nicolas Vertel présente les cours dispensés dans l’année à venir3. Ils sont organisés en un semestre d’hiver (du 1er novembre au 1er avril) et un semestre d’été (du 1er avril au 1er septembre), interrompus par une période de vacances. Ils se déroulent dans les locaux réservés à cet effet au rez-de-chaussée de l’aile gauche de l’hôpital Saint-Jacques. Les noms de la quinzaine d’élèves recrutés sur concours chaque année sont soumis à l’approbation du conseil des administrateurs de l’hôpital Saint-Jacques, où les élèves effectuent obligatoirement un service médical pendant leurs études4. Ces derniers proviennent parfois de départements lointains (Vosges, Haute-Marne, Bas-Rhin…) mais, avec le temps, le recrutement devient plus régional. Pour leur dernière année de fonctionnement, les cours regroupent trente-trois élèves âgés de 16 à 23 ans. Seuls trois d’entre eux ne sont pas originaires de Franche-Comté5.
Les relations entre les professeurs des cours pratiques et les administrateurs des hospices civils sont souvent conflictuelles. Les élèves des cours sont régulièrement accusés de ne pas effectuer leur service médical hospitalier correctement. En outre, certains professeurs donnent à ces cours le titre d’école secondaire de médecine et sollicitent leur affiliation à l’université impériale. Le 18 juillet 1809, le ministre de l’Intérieur doit donc rappeler au préfet du Doubs que « si le gouvernement ordonnait la création d’une école secondaire de médecine, ces écoles qui feraient effectivement partie de l’université, ne pourraient être placées dans les hospices dont le régime serait inconciliable avec celui des établissements, ni être entretenues aux frais de ce même hospice comme le sont les cours actuels »6.
En 1816, au début de la seconde Restauration, la pression de la municipalité pour la création d’une école secondaire de médecine se fait plus forte. Le maire de Besançon Antoine Daclin (1742-1822) rédige un mémoire pour obtenir « une école générale de médecine semblable à celles dont sa majesté ordonnera l’institution dans les principales villes du royaume »7. Les cours pratiques de médecine, chirurgie et pharmacie de Besançon sont finalement transformés en une école secondaire de médecine en 1820.
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