Dès sa création, le Centre de linguistique appliquée (CLA) de l’université de Franche-Comté organise ses formations en français langue étrangère (FLE) à partir de méthodes audio-orales et structuro-globales audiovisuelles. Elles proposent d’aborder l’apprentissage du français par l’oralité, rompant ainsi avec les approches traditionnelles s’appuyant surtout sur l’écrit. Accompagnés d’exercices structuraux, ces nouveaux concepts proposent une restructuration de l’apprentissage. En 1969, « Le français autrement » marque la création du premier stage d’été pour les professeurs, sur l’art dramatique et la décoration théâtrale.
Avec la parution de « C’est le printemps », le passage à l’approche communicative prend la forme d’une rupture, voire d’un rejet.
Expérimentée au CLA dès 1975 et publiée en 1978, elleest réalisée par une équipe du CLA avec Jacques Montredon, Claire Cesco, Denise Dragoje, Gisèle Gschwind-Holtzer, Christian Lavenne, Georges Zask, à laquelle s’est jointe Geneviève Calbris du CREDIF[1]. « C’est le printemps » est né d’une critique du contenu des méthodes audiovisuelles et de l’ennui qu’elles suscitaient généralement : il fallait rompre avec les histoires de famille, les amoureux d’un autre siècle et les étudiants fortunés. « C’est le printemps »n’est pas l’histoire d’une famille petite-bourgeoise sans problème ou d’une idylle entre jeunes gens timides, mais une suite de situations mettant en scène des personnages divers, des gens de tous âges, des Français et même des étrangers vivant en France et intégrant le langage vivant du quotidien.
Le CLA conçoit également des méthodes pour différents publics. Dans les années 1970, les formations en langue s’ouvrent à l’entreprise. L’année 1974 marque le premier contrat avec Air France pour former à l’anglais aéronautique le personnel navigant technique, puis le personnel d’Air Inter, ensuite celui d’Air Vietnam et enfin les personnels des Aéroports de Paris. Ensuite, dans la continuité de ces méthodes, Le français des affaires par la vidéo est réalisépour des domaines particuliers. En 1975, Silent Way, avec Glenys Hanson, qui offre une approche originale de l’apprentissage de l’anglais, fondée entre autres sur le silence des professeurs, est également testée en entreprise. En 2008, s’ouvrent des formations en anglais médical, avec le premier test en ligne pour l’Assistance publique des hôpitaux de Paris.
Les enseignants du CLA s’intéressent aussi au cas des enfants, usant de différentes méthodes : en 1988, Bonjour le français s’adresse aux élèves lusophones du Cap Vert et de la Guinée-Bissau ; en 2003 est créé Le français en chantant ; puis, en 2013, Caramel, et en 2013-2015, Zigzag par Hélène Vanthier.
Ils s’investissent fortement dans la formation des migrants avec CLAB-ALPHA, puis avec Traces. Dans En passant le Mungo, ils élaborent une méthode pour les enfants anglophones du Cameroun. Une équipe franco-vietnamienne crée Sciences et communication, pour les étudiants scientifiques vietnamiens. En 1996, le CLA édite Tempo, à la suite des travaux du conseil de l’Europe. Cette méthode entend répondre aux besoins des étudiants et les familiariser avec la vie réelle et les documents authentiques.
Les enseignants-chercheurs du CLA produisent de nombreux ouvrages pour la formation des enseignants de français langue étrangère (FLE), ainsi que des dossiers thématiques pour aborder le domaine culturel qui est très lié à l’acquisition d’une langue, avec l’ouvrage Comment va la vie ? B1-B2 À la découverte de la France au fil des générations. Ainsi, dans le sillage de Bernard Quemada[2], de nombreuses méthodes expérimentales proposées au CLA assoient sa réputation dans le monde[3].
En 2019 et en 2020, lors du confinement dû à la pandémie du COVID_19, l’enseignement à distance se développe, permettant la poursuite des activités. Dans ce domaine, le CLA a, très tôt, été un pionnier. D’abord avec L’anglais par téléphone, puis avec l’utilisation de la plateforme Moodle pour le master ingénierie de la formation, sous une forme hybride (séminaires en présentiel et à distance).
Les enseignants du CLA continuent toujours de produire et de publier de nombreux outils pour l’enseignement des langues étrangères et sont très impliqués dans la formation ouverte et à distance. L’ingénierie numérique et les technologies éducatives (TIC)ont toujours eu une place prépondérante dans les activités de formation et de recherche du CLA. Il faut sans doute lire cela comme une fidélité aux idées fondamentales de son créateur novateur, Bernard Quemada.
