L’affaire du Doyen Cloché – Février-Mars 1926 : Michel Savaric

Michel Savaric

Au début de l’année 1926, Paul Cloché (1881-1961), professeur d’histoire ancienne et doyen de la faculté des lettres, est au centre d’une affaire relatée dans toute la presse nationale. Tout commence le 26 février par la publication d’articles dans Le Petit Comtois, quotidien régional, Le Matin, et Le Petit Parisien qui sont des journaux à grand tirage.

On y apprend que, quelques jours plus tôt, le recteur Franck Alengry (1865-1946) a interrompu, en personne, l’examen du certificat d’histoire médiévale de la licence ès-lettres sur des soupçons de tricherie. Il avait en effet reçu une lettre anonyme d’un étudiant lui révélant que, lors d’un cours particulier donné à une demoiselle Suzanne Besançon, le doyen Cloché aurait révélé le sujet de l’examen (Henry IV et Grégoire VII ou la controverse de Bâle). L’étudiante en question en aurait parlé à ses amies et le tuyau serait parvenu aux oreilles d’un étudiant, auteur de la lettre anonyme, qui accuse le professeur de pratiquer le favoritisme à l’égard des étudiantes.

Le drame de Besançon, paru dans L’Ére Nouvelle, le 28 février 1926. Collection particulière.

L’affaire, suivie dans toute la presse nationale, avec des articles dans L’Ère nouvelle, L’Œuvre, La Gironde, La Liberté, La Lanterne, Le Nouveau siècle, entre autres, est transmise à Édouard Daladier, ministre de l’Instruction publique. Seul l’Éclair comtois défend vigoureusement l’honneur du doyen. Celui-ci est victime d’une machination, affirme le concurrent du Petit Comtois dans son édition du 28 février. Il publie aussi une lettre de soutien d’étudiants au doyen Cloché. Celui-ci se défend dans une longue lettre publiée par le Journal des débats politiques et littéraires du 3 mars.

Le 3 mars, La Lanterne informe que le ministre a reçu le rapport du recteur. Le 6 mars, un reporter de L’Avenir de Paris affirme rentrer de Besançon. Il y a rencontré Cloché, qui dément avec force donner des leçons particulières. L’Humanité du 4 mars rapporte la réputation du doyen d’être « un tantinet frôleur » et s’amuse de « cette histoire sur les mœurs bourgeoises ». L’Avenir de Paris, du 24 avril, parle de la « bienveillance véritablement excessive » du doyen vis-à-vis des jeunes filles et informe qu’il a été convoqué rue de Grenelle, devant le directeur de l’Enseignement supérieur, où il a été sommé de démissionner de sa fonction de doyen. L’helléniste Hilaire Van Daele (1863-1943) lui succède.

Caricature de Paul Cloché, parue dans Le Licencieux. Collection particulière.

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