La fondation d’une université en Comté, envisagée vers 1287-1291 par le comte Othon IV, ne voit pas le jour. En 1419, Philippe le Bon devient duc de Bourgogne. Le royaume de France et ses apanages vivent depuis près de quatre-vingts ans au rythme d’une guerre, qui perturbe la vie et la circulation des populations, dont celles des maîtres et des étudiants recherchant une formation. Or à l’aube du XVe siècle, la France, comme l’Europe, voient s’affirmer États et principautés, exigeant une administration et une gestion plus rigoureuses, nécessitant des hommes compétents en matière de droit. L’Église est, elle-aussi, soucieuse d’une meilleure formation des prêtres et religieux.
Lettres patentes de Philippe le Bon organisant l’université de Dole, le 22 juin 1423. Ces lettres énoncent l’organisation de l’université, à la suite de l’autorisation du pape et du subside voté par l’assemblée des États du comté de Bourgogne. Elles évoquent les acteurs de la réunion et citent le gestionnaire des fonds, Guiot Vurry de Dole, assisté du marchand Gérard de Mailly. Archives départementales du Doubs, 1D1. L. Besançon.
Attentif à donner à ses possessions une structure plus affirmée, conseillé par des hommes ouverts tels le juriste Nicolas Rolin dont la carrière s’amorce, l’abbé bénédictin Robert de Baubigny et d’autres, Philippe le Bon, voulant disposer d’hommes « idoines » en matière civile et religieuse, souhaite la création d’une Université pour ses terres. Dès 1421, il envoie des émissaires à Rome, recherchant l’accord du pape Martin V, ce qu’une bulle du 15 octobre confirme. Le duc entend implanter cette Université en une ville dégagée de contraintes. Besançon, ville d’Empire n’est pas en son domaine, Dijon ne s’y prête pas non plus. Dole, plus « paisible » au plan économique, bien placée géographiquement, et qui est en sa main est choisie, d’autant qu’elle compte déjà un centre de trésorerie et le Parlement. Le 21 novembre 1422, le pape accorde son autorisation, mais la bulle n’est promulguée que le 7 mars 1423, une enquête de commodo et d’incommodo devant trancher entre Gray et Dole.
Cependant, la création d’un tel établissement nécessite des finances pour recruter de bons maîtres, trouver des locaux, organiser la vie de l’université. Le 4 avril 1423, les États se réunissent à Salins, la ville du sel, l’or blanc, source de revenus tirés de la vente de ce produit rare. Ils votent un subside de 9 693 livres, un accord précaire est trouvé. Le prince doit sans cesse intervenir pour que les rentes soient versées, Dole y contribue également. Après le vote du financement par l’assemblée des états de Salins, le 22 juin 1423, Philippe Le Bon, par ses lettres patentes, énonce l’organisation de l’université. Ce document évoque les acteurs de la réunion et cite le gestionnaire des fonds, Guiot Vurry de Dole, assisté du marchand Gérard de Mailly.
Dès 1424, des étudiants viennent de Flandre, du pays de Vaud, de « Bourgogne ». Lors de leur arrivée à Dole, il faut les loger. Le statut de clercs les soumet à la loi de l’Église et du prince comme l’exprime le sceau. Au fil des années, soucieux de la qualité des enseignements, le duc demande à ses officiers de rechercher des maîtres réputés pour attirer des étudiants dont la carrière se déroulera dans les administrations, les corps de ville, les affaires, « les chanoinies ». C’est ainsi qu’arrivent des ténors comme les Italiens Raymond de Marlien, Anselme de Marenches, les Comtois Étienne de Lavangeot, Antoine de Roche et d’autres. L’enseignement des « arts » et du droit prévaut, plus que celui de la médecine. La faculté de théologie ne s’ouvre qu’en 1437, sous Eugène IV . L’université de Dole élabore ses statuts rappelant ceux de Bologne, Toulouse ou Paris et laissant une large autonomie aux étudiants dans la gestion.
L’université donne ainsi à cette « bonne ville » de Dole plus de notoriété, sert la cause du prince qui l’a souhaitée, en lui fournissant des hommes de lois compétents et de doctes hommes d’Église pour ses « chanoinies ». Citons Jean Chevrot, Jean Carondelet, les Plaine et bien d’autres en Comté et hors d’elle. Après les guerres franco-bourguignonnes et le siège de 1479 qui « découronne » Dole, l’Université est transférée (virtuellement) à Besançon en 1482 et à Poligny en 1483, mais reprend vie à Dole dès 14841.
Blason de la ville de Dole, capitale du Comté de Bourgogne, détail du frontispice marquant le début du rectorat de Jean-Jacques de Lamberg en 1581. Les armes de la Ville de Dole se lisent “coupé, au premier d’azur semé de billettes d’or au lion aussi d’or couronné de même, armé et lampassé de gueules, issant de la partition, au deuxième de gueules au soleil d’or aussi”. Pascal Brunet. Bibliothèque municipale de Besançon, Ms. 984, f°125.