Dès le 1er octobre 1492, le premier des maîtres en médecine cité est Jean Heberling1, venu de Schwäbisch-Gmünd près de Stuttgart. En 1475, il est immatriculé à Bâle, puis devient bachelier en arts en 1477, maître en 1479, régent des boursiers du collège de Bâle, où il est l’élève de Reuchlin et du « professeur » de Kopps. De 1488 à 1491, il y est « doyen » de la faculté des arts.
Proche de l’imprimeur Johann Amerbach (vers 1440-1513), il entretient avec son « honoré compère » une importante correspondance, très instructive sur la vie universitaire à Dole, jusqu’au décès de son « excellent ami » en 1511. En 1492, il soumet à Jean Laurent, lieutenant du bailli de Dole, l’ouvrage qu’il vient d’écrire sur la peste, intitulé Lectio declarativa super epidemiae morbo. Vers 1499, il le fait cependant imprimer à Lyon, en l’atelier de Martin Havart, spécialisé dans l’édition d’ouvrages à caractère médical. Il est fréquemment sollicité par le corps de ville en temps d’épidémie et lors d’examens de cas de lèpre, comme en 1496. En 1493, avant la signature du traité de Senlis le 23 mai, la situation est tendue entre Charles VIII et les Habsbourg. Pourtant, Jean rapporte que, vivant à Dole avec sa jeune épouse et leur petit Zacharie, malgré les guerres, les Français l’«ont honoré », ont défendu ses biens et ont tout fait pour lui éviter outrages et désagréments.
Sa correspondance mentionne ses soucis pécuniaires : en 1492 et 1493, Amerbach est son créancier. Il évoque aussi le libraire André de Hall, de Fribourg en Brisgau, qui fréquente Bâle, auquel il a emprunté les œuvres de Galien et à qui il doit aussi de l’argent.
Docteur en médecine, il est reçu comme lecteur par les maîtres du collège de l’université de Dole le 3 février 1501, mais semble avoir exercé dès 14992. Il épouse Charlotte, sœur de Quentin Viquot, chanoine de Besançon puis de Dole, et de Louise, épouse d’Odo de La Tour. Il s’allie ainsi aux deux familles d’universitaires les plus prestigieuses de Dole. En novembre 1510, il acquiert « la place du premier pilier estant devant la chapelle de Madame Sainte-Anne », près du chœur de Notre-Dame et plus tard de la chapelle d’Odo de La Tour. Le 25 octobre 1512, il devient propriétaire d’un terrain rue des Chevannes dessus. Le 8 décembre 1519, et à plusieurs autres reprises, on le rencontre au conseil de ville.
En plus du petit Zacharie évoqué en 1492, peut-être mort jeune, il a quatre autres enfants : ses deux filles Juliane, épouse de Pierre Phoenix, et Cécile, et ses deux autres fils : Charles, immatriculé en 1518, et Héribald. Ce dernier connaît à son tour un beau cursus universitaire car il est inscrit sur la matricule le 17 mars 1521 et il est dit « savant adolescent » lorsqu’il a obtenu sa licence et la maîtrise ès arts « avec une grande louange » : il prête serment le 10 mars 1524, puis devient conseiller de la faculté des arts en 1525. Selon une note de son beau-frère, Jean Heberling décède avant 1529.