Jean Boyvin, né à Dole le 5 août 1575, est le fils de Jean Boyvin père (1520-1590), magistrat au parlement de Dole, puis tabellion général. À ses côtés, il acquiert sa première éducation. Sa mère, Véronique Fabri, est la fille de Pierre Fabri, originaire de Pise, professeur de droit à l’université de Dole (1490), lieutenant général au bailliage (1505) et conseiller laïc au parlement de Dole.
Il poursuit ses études au collège des Jésuites de l’Arc, où il apprend les rudiments des mathématiques, de la grammaire et des langues anciennes. Fort de cette expérience, Jean peut accéder sans difficulté à l’université de sa ville natale, où il obtient le titre de docteur en droit en 1600. Mais, doté d’une curiosité et d’une soif de savoir, il se distingue en ayant entrepris également un cursus de théologie et de médecine. Avocat général en 1609, conseiller en 1618, puis président en 1639 par la volonté du roi d’Espagne Philippe IV1, il n’a de cesse de témoigner, par ses actes et ses écrits, de son attachement à sa cité natale. En 1626, il y acquiert l’hôtel Richardot. Homme de la Renaissance, curieux de tout, J. Boyvin s’essaye à l’écriture de plusieurs ouvrages d’histoire, d’algèbre, de numismatique (Traité des monnaies2).
En 1636, le siège de Dole par l’armée de Condé permet à J. Boyvin de faire reconnaître ses talents de diplomate et de transcrire le récit de cette guerre dans Le Siège de Dole, capitale de la Franche-Comté, et son heureuse délivrance3. Publié à Dole, chez Antoine Binart dès 1637, il est réédité, un an plus tard, à Anvers, dans l’imprimerie de Balthasar Moretus. Aujourd’hui, cet ouvrage est toujours considéré comme une référence majeure pour la connaissance de la guerre de Dix ans et l’histoire de la Franche-Comté à l’époque moderne. Il vaut à son auteur une belle renommée. Le conseil de ville de Dole l’en récompense, en décembre 1637, en lui offrant une chaîne en or et une médaille de l’orfèvre Pierre Noyron. Passionné et érudit des grands traités d’architecture classique, notamment de Vitruve, et nommé surintendant des fortifications de la ville en 1632, il s’investit dans la consolidation des remparts, ce qui permet à la ville de se protéger avec profit en 1636. Le nom de J. Boyvin, incarnant la figure d’un Richelieu à la comtoise, et dont bon nombre confondent les visages, devient synonyme de résistance face aux troupes françaises.
L’activité de J. Boyvin s’inscrit également dans le vaste mouvement de reconquête catholique des âmes. Ses hautes fonctions lui permettent d’être l’un des principaux acteurs de la Réforme catholique dans le diocèse de Besançon et dans la capitale du comté de Bourgogne4. Il décède le 13 septembre 1650 à Dole et est inhumé dans la chapelle des Sept douleurs du couvent des Cordeliers ; sa dépouille est ensuite transférée en la Sainte-Chapelle de la collégiale Notre-Dame. Dole lui a rendu hommage en donnant son nom à une rue de la ville.