Jean-Baptiste Courvoisier (1745-1803)

André Ferrer

Jean-Baptiste Courvoisier est né à Arbois, le 24 avril 1745. D’origine bourgeoise, mais orphelin à sept ans, il est élevé par son oncle, notaire à Arbois. En 1767, il devient avocat au parlement. En 1771, il épouse Jeanne Eléonore Meynier, fille d’un ingénieur des salines de Lons-le-Saunier.

Il succède à Grimont comme professeur de droit en janvier 1780. En parallèle, très prisé par les élites bisontines, il continue d’exercer son métier d’avocat. Dans l’affaire de « l’enlèvement » de la jeune marquise de Monnier à Pontarlier, il plaide pour Mirabeau, qui n’aurait d’ailleurs jamais été réglé de ses honoraires ! Il est reçu dans la loge maçonnique « La Sincérité » en 1769 et en devient vénérable en 1779. Le conseiller de l’archevêque le nomme bailli du fief archiépiscopal de Mandeure. Défenseur du gallicanisme, il plaide contre la papauté pour l’évêque de Saint-Claude, Jean-Baptiste Chabot.

Jean-Baptiste Courvoisier, An utilis huc usque vel nocens fuerit philosophorum doctrina […], Besançon, Daclin, 1790. Bibliothèque municipale de Besançon, 241038.

Enseignant respecté et juriste de talent, il innove par des cours au style clair et sans emphase. Recteur en 1781, il l’est à nouveau en 1790. Le 13 novembre, il prononce alors un discours de rentrée offensif, sur le thème : « La doctrine des philosophes a-t-elle été utile ou nuisible à l’humanité ? ». Sa dénonciation des idées philosophiques, des excès et de l’anarchie naissante lui vaut des ennuis avec le conseil général du Doubs qui lui interdit d’éditer son pamphlet et le blâme. En 1791, Courvoisier publie Éléments de droit politique français1, dans lesquels il s’en prend à l’Assemblée nationale et à ses inspirateurs, Rousseau et Mably. Après son refus de prêter le serment civique, le conseil général le destitue de sa chaire, le 25 janvier 17922.

Monarchiste proclamé, Courvoisier émigre peu après avec son fils et rejoint l’armée des émigrés à Coblence. Il devient secrétaire du conseil des émigrés, puis du comte de Provence, futur Louis XVIII. Dans ce milieu de fanatiques, Courvoisier reste lucide sur ses compagnons d’émigration, écrivant en 1793 : « Le mépris qu’on avait jadis pour les gens de ma classe, est aujourd’hui chargé du vernis de la haine ». En 1801, Courvoisier rentre d’émigration et meurt à Besançon le 15 octobre 1803. Son fils, Joseph Courvoisier, fera une brillante carrière juridique et politique, devenant même garde des Sceaux en 1829.

Notes :
1 – Jean-Baptiste Courvoisier, Éléments de droit politique français, Paris, Pain, 1792 [http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5675323z]. 2 – Léonce Pingaud, « Jean-Baptiste Courvoisier, professeur à l’université de Besançon (1749-1803) », Mémoires de la Société d’émulation du Doubs, Besançon, Dodivers, 1883, p. 323-346. Bibliographie
  • Léonce Pingaud, « Jean-Baptiste Courvoisier, professeur à l’université de Besançon (1749-1803) », Mémoires de la Société d’émulation du Doubs, Besançon, Dodivers, 1883, p. 323-346.
ARTICLES SIMILAIRES :
error: Contenu protégé.