Jean-Baptiste Bullet, né le 13 juin 1699 à Besançon, est élève du collège des jésuites de la ville avant d’entrer au grand séminaire, puis de devenir chapelain à la collégiale Sainte-Madeleine de Besançon1. Docteur en théologie en 1722, alors qu’il n’est encore que diacre, il poursuit ses études à Paris et entre en contact avec les grands érudits de son temps, comme le jésuite controversé Jean Hardouin (1646-1729) qui va l’intéresser notamment aux langues anciennes, ou encore le prêtre historien Jean Lebeuf (1687-1760). Ces rencontres sont déterminantes pour l’abbé Bullet, de même que son amitié avec le chanoine bisontin Jean-Baptiste Fleury (1698-1754), historien local reconnu.
Introduit à l’université de Besançon par l’abbé Claude Guillet, ancien directeur au séminaire de Besançon devenu professeur de théologie à l’université (1713), puis recteur (1719), J.-B. Bullet est d’abord chargé de cours en théologie, avant d’assurer la vacance de la chaire au décès de C. Guillet (1727) ; finalement, il en devient titulaire après concours l’année suivante2.
Érudit infatigable, l’abbé Bullet, également membre des académies de Besançon, de Dijon et de Lyon, publie plusieurs ouvrages où se mêlent l’histoire, la théologie, la philologie et l’Écriture sainte, utilisées souvent à des fins apologétiques3. Il est aussi l’auteur d’études historico-liturgiques et, plus étonnamment, d’un opuscule sur les cartes à jouer. Toutefois, son grand-œuvre reste ses célèbres Mémoires sur la langue celtique, publiés en trois volumes entre 1754 et 17604.
Au regard de sa production hétéroclite, les bibliographes ont souvent qualifié l’abbé Bullet de savant dispersé. Il s’inscrit, bien au contraire, dans une logique toute particulière, celle de la théologie positive qu’il professait à l’université de Besançon. Contrairement à la théologie scolastique5 purement spéculative (Anselme de Cantorbéry, Thomas d’Aquin…), la théologie positive est une œuvre rationnelle qui met en perspective la raison et la foi en renversant l’argumentation classique : son but est d’éclairer l’immatériel et le surnaturel en interrogeant l’expérience humaine.
Universitaire reconnu et apprécié, J.-B. Bullet enseigne la théologie à contre-courant et en dehors des milieux ecclésiaux, dans une perspective rationaliste imprégnée des Lumières, laquelle n’est pas dénuée de foi. Il est en ce sens un homme de l’entre-deux, typique d’une époque où le divorce n’était pas encore totalement consommé entre la foi et la raison. Jean-Baptiste Bullet décède à Besançon le 6 septembre 1775.