François-Ignace Dunod de Charnage est né à Saint-Claude, le 30 octobre 1679. Fils de Jean-François Dunod, avocat et notaire à Saint-Claude, ce dernier ajoute à son patronyme roturier celui de sa mère Charnage. François-Ignace effectue ses études de droit à Besançon et y devient un avocat réputé. Nommé professeur en décembre 1720, ses cours, très brillants, sont les plus fréquentés et il contribue au maintien de la réputation de Besançon après la création de l’université de Dijon.
Proche de l’intendant et du pouvoir royal, il est désigné comme assesseur au tribunal de la Commission, chargé de juger les contrebandiers. En outre, il se voit confier par le garde des Sceaux, Fleuriau d’Armenonville, la mission de rédiger la coutume de Franche-Comté. Dunod est également conseiller des archevêques de Besançon.
Travailleur acharné, c’est un érudit, historien de la province et savant juriste. Il publie de nombreux ouvrages, souvent réédités, aux titres très longs : Traité des prescriptions, de l’aliénation des biens de l’Eglise et des dixmes… (1730)[1], Traité de la mainmorte, du retrait et des prescriptions (1733)2, Histoire du second royaume de Bourgogne, du comté de Bourgogne sous les rois carolingiens (1737)3, Histoire des Séquanois et de la Province séquanoise, des Bourguignons et du premier royaume de Bourgogne, de l’Église de Besançon jusque dans le vie siècle et des abbayes nobles du comté de Bourgogne (1735-1740)[4], Mémoires pour servir à l’histoire du Comté de Bourgogne (1740)5, Histoire de l’Église, ville et diocèse de Besançon (1750)[6], Observations sur les titres des droits de justice, des fiefs, des cens, de gens mariés et des successions de la coutume du Comté de Bourgogne (1756)7. Dans son Traité de la mainmorte…, Dunod relate les origines et les causes de la mainmorte, cette macule servile dont il justifie le maintien par la nécessité de protéger les biens des paysans contre leur vente à des fins spéculatives. Cette opinion se maintiendra jusqu’à la Révolution dans le parlement de Besançon et sera vivement combattue par l’avocat de Saint-Claude, Christin, et son ami Voltaire.
Dunod de Charnage meurt en 1752, sans avoir pu prendre possession du siège qui lui est réservé à l’académie des sciences, belles-lettres et arts dont Besançon vient d’être dotée. Son œuvre historique est poursuivie par son fils, François-Joseph, avocat au parlement et maire de Besançon de 1756 à 1761, puis par son neveu Eugène Droz, conseiller au parlement et auteur du Recueil des Édits, ordonnances et déclarations du roi8…