Philippe Le Bon écrit à Robert de Baubigney que son souhait de créer une université s’explique par les dangers que courent les étudiants sur les routes gangrenées par les méfaits de la guerre, risquant de gêner le recrutement de l’administration et de l’Église. Aussi, dès que le pape en accepte la fondation, il dépêche des sergents pour annoncer la nouvelle avec, selon Eva Pibiri, une large « propagande » dans un vaste espace, afin d’attirer professeurs et étudiants : Beaune et Arbaumont, Constance, Heidelberg, Cologne, Bâle, Utrecht, Worms, Trèves, Strasbourg, Metz, Nancy, Toul et bien d’autres sites universitaires. En 1423, il adresse également des lettres aux villes de Fribourg, Berne et Lausanne.
Les registres matricules de 1498 indiquent que l’université de Dole est une petite université enregistrant et diplômant moins de cent étudiants par an, loin d’Avignon, de Poitiers, de Caen et d’Angers… ou bien sûr des universités allemandes, voire italiennes1. Cependant, elle attire très vite les élèves, à tel point que le collège de Dijon, accueillant des élèves de Bourgogne, de Comté, de Lorraine et d’Allemagne, pâtit de sa constitution et doit se réformer en janvier 1446 pour retrouver de l’importance2.
Les étudiants sont mentionnés dans des actes notariés ou lors d’affaires venues en justice. En août 1424, des étudiants des Flandres sont cités, ou encore lors de l’affaire Boyvenet, où une véritable émeute oppose les étudiants au bailli de Dole Jean Bouton3. De 1424 à 1497, une trentaine d’étudiants viennent des principautés de Comté et de Bourgogne, d’autres des contrées du Nord, tels maître Jean de Vituly, originaire de Lille, et Pierre le Varrier, du diocèse d’Arras. Certains Suisses du pays de Vaud y suivent des études[4].
Pendant longtemps, on a insisté sur la grande mobilité des étudiants. Cependant, selon Jacques Verger, cela ne peut être le fait que d’étudiants favorisés car la « provincialisation » des nouvelles universités freine cette pratique5. Dole peut toutefois bénéficier de ces migrations en raison de la renommée des Piémontais Raymond de Marlian et Anselme de Marenches, parmi d’autres. À côté des individus plus illustres et plus pérégrins, il y a tous les autres qui ne fréquentent l’université de Dole que jusqu’à la maîtrise ès-arts, voire le baccalauréat, et qui ensuite exercent par exemple un emploi de maître d’école.