L’essor de l’école préparatoire de médecine et pharmacie de Besançon (1840-1872)

Laurent Tatu

L’ordonnance royale du 13 octobre 1840 transforme les écoles secondaires de médecine en écoles préparatoires à financement municipal. Leur vocation principale reste la formation des officiers de santé, même si les étudiants sont désormais de plus en plus nombreux à commencer leurs études dans une école de médecine. Ils les poursuivent ensuite dans une des trois facultés de médecine françaises pour obtenir le grade de docteur. Si les municipalités concernées ne sont pas en mesure de financer ces nouvelles écoles préparatoires, leurs locaux et leurs corps professoraux, le texte de 1840 prévoit la suppression de l’école en question. La municipalité bisontine accepte cette charge financière. L’ordonnance du 31 mars 1841 entérine l’existence de la nouvelle école préparatoire de médecine et de pharmacie de Besançon1. Les nouvelles écoles peuvent recevoir des subventions des conseils généraux et des administrations hospitalières. Elles doivent assurer leurs fonctions avec six professeurs, deux professeurs adjoints, deux préparateurs et, au minimum, cinquante lits d’hôpital.

Entête de l’école préparatoire de médecine et pharmacie de Besançon. Archives Départementales du Doubs, 1654.

Peu après, plusieurs textes législatifs viennent régir le fonctionnement de l’école préparatoire bisontine et modifient le corps professoral. En 1842, un stage hospitalier devient obligatoire pour les aspirants au grade de docteur en médecine ou en chirurgie2. L’année suivante, une chaire spéciale pour l’enseignement de l’histoire naturelle médicale est fondée3. L’école secondaire de médecine avait anticipé cette chaire en créant un titre de professeur provisoire d’histoire naturelle, à la suite de l’évaluation de l’école par le doyen parisien Mathieu Orfila (1787-1853). Charles Grenier (1808-1875), qui occupait ce poste provisoire depuis 1837, est nommé titulaire de la chaire en 1843. 

À partir de 1854, les jurys d’admission des officiers de santé ne sont plus des jurys départementaux désignés par les autorités préfectorales. L’école préparatoire, elle-même, est habilitée à décerner ce diplôme avec un jury présidé par un professeur de la faculté de médecine de tutelle, en l’occurrence Strasbourg. Les jurys départementaux sont également supprimés pour les pharmaciens et l’école préparatoire prend une place nouvelle dans la formation théorique de ces derniers. En 1856, le corps professoral est élargi à huit professeurs titulaires, trois professeurs adjoints, quatre professeurs suppléants et un chef de travaux anatomiques. L’école préparatoire bisontine acquiert progressivement une solide réputation, en particulier grâce au bon niveau des étudiants bisontins accueillis dans les facultés pour poursuivre leurs études en vue de l’obtention du doctorat.

Jusqu’à la guerre franco-prussienne de 1870-1871, quatre directeurs se succèdent à la tête de l’école : Nicolas Vertel (1767-1845) de 1840 à 1843, Michel Bulloz (1796-1845) de 1843 à 1845, Jean-Benjamin Villars (1794-1868) de 1845 à 1857 et Joseph Édouard Sanderet de Valonne (1802-1890) à partir de 1857 (figure 2).

Portrait de Joseph Édouard Sanderet de Valonne (1802-1890). Collection particulière.

Cette guerre met à contribution les étudiants de l’école de médecine, dans une ville de Besançon transformée en un vaste hôpital militaire. L’annexion de Strasbourg, qui suit la défaite française de 1870, impose un changement de faculté de tutelle. Cette situation nouvelle est l’occasion pour la municipalité bisontine de demander la création d’une faculté de médecine et d’une école de santé militaire, celle de Strasbourg étant également supprimée par l’annexion prussienne. Une commission travaille sur le sujet et un projet est concrètement élaboré, y compris au niveau architectural, avec des propositions de l’architecte Alphonse Delacroix (1807-1878)4. Cet espoir n’aboutit pas. La faculté de médecine et l’école supérieure de pharmacie de Strasbourg étant transférées à Nancy, la cité lorraine abrite à présent la faculté de tutelle de l’école préparatoire bisontine à compter de 1872.

Notes :
1 – Moniteur universel, 8 avril 1841. 2 – Moniteur universel, 11 avril 1842. 3 Moniteur universel, 12 octobre 1843. 4 – BM Besançon, 1R 21 3707.
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