Antoine Perrenot de Granvelle (1517-1586)

Marie Barral-Baron

Baptisé le 26 août 1517, jour de sa naissance, en l’église Saint-Maurice de Besançon, Antoine Perrenot de Granvelle reçoit comme parrain Antoine de Baumotte, chanoine de Besançon et archidiacre de Gray. Fils aîné et quatrième enfant du couple Nicolas Perrenot de Granvelle et Nicole Bonvalot (v. 1490-1570), Antoine vient au monde alors que son père est encore aux portes de son fabuleux destin. Bientôt nommé au parlement de Dole (1518), Nicolas entre au service de l’empereur Charles Quint en 1522. Fils du principal conseiller de l’empereur, Antoine bénéficie des réseaux de son illustre père qui veille attentivement à sa formation.

Portrait d’Antoine Perrenot de Granvelle (1517-1586) par Scipione Pulzone (1544-1598), vers 1576. Antoine Perrenot de Granvelle a, tout au long de sa vie, commandé des portraits aux meilleurs artistes de son temps. Celui-ci, daté de 1576, est l’œuvre du Romain Scipione Pulzone (1544-1598). Le prélat, vêtu de rouge, est cardinal depuis 1561. Bibliophile passionné, il est représenté avec un petit ouvrage dans sa main gauche. Pascal Brunet. Besançon, musée du Temps, Pierre Guenat.

Conscient de ce qu’il doit à l’université de Dole dans son propre parcours, Nicolas de Granvelle organise très tôt les études de son fils Antoine afin de faire de lui un habile diplomate et un conseiller avisé de son souverain. Il bénéficie tout d’abord du savoir de précepteurs qui l’accompagnent dans ses premiers pas et lui donnent le goût de l’humanisme. Son père choisit ensuite pour lui les meilleures universités de la Renaissance. Toutefois, afin d’assurer la protection et le suivi attentif de son fils, leur localisation géographique est étroitement liée aux différentes mobilités politiques et diplomatiques de la carrière paternelle. Antoine commence, à partir de 1530 et jusqu’en 1538, à fréquenter les universités de Dole, Louvain, Bologne et Padoue. Il obtient ses grades dans ces deux dernières universités. Maîtrisant plusieurs langues, particulièrement le latin, l’italien et l’espagnol, outre sa langue maternelle, le français bourguignon, il fait preuve très tôt d’une grande maturité d’esprit et ne tarde pas à recevoir de Charles Quint le titre de conseiller d’État. Il seconde également rapidement son père, garde des sceaux et ministre principal de l’empereur, après le décès de Mercurino Gattinara, grand chancelier de l’Empire.

Nommé évêque d’Arras le 29 novembre 1538 par Paul III, Antoine est ordonné prêtre en 1540 et sacré évêque, le 21 mai 1543, à Valladolid. Il s’installe le 14 décembre 1545 à Arras, dont il est évêque jusqu’en 1561, mais il ne réside que très rarement dans son diocèse. En 1540, il devient chanoine du chapitre noble de Saint-Lambert à Liège et cumule alors nombre d’autres bénéfices et dignités ecclésiastiques, tant aux Pays-Bas que dans la cité impériale de Besançon et la Comté1.

À partir de 1538, Nicolas de Granvelle obtient que son fils entre officiellement à la cour impériale : l’initiation politique d’Antoine est alors indissociable de l’action de son père en faveur de l’unité impériale. Antoine prend part à plusieurs colloques et diètes dans le but de maintenir la paix religieuse et l’union politique de l’Empire. Tout naturellement, le jeune Antoine succède à son père dans la confiance de Charles Quint. Toutefois, l’atmosphère se fait plus lourde après la mort de l’empereur et l’avènement de Philippe II au trône d’Espagne. Avec ce dernier, la cour connaît un profond renouvellement et Antoine, fait cardinal en 1561, n’appartient plus à l’entourage royal, même s’il bénéficie toujours de la confiance du roi. En 1564, le Franc-Comtois est contraint de s’exiler hors des Pays-Bas, tant l’impopularité de Philippe II est forte. S’il connaît un retour en grâce à partir de 1579 et reçoit notamment la charge d’archevêque de Besançon en 1584, le cardinal garde un souvenir amer de son exil qui lui a fait prendre conscience de la fragilité des destins en politique.

Il s’éteint le 21 septembre 1586, à Madrid, sans avoir revu sa Franche-Comté natale et la terre doloise qui a porté ses premiers pas d’étudiant. Son corps est transporté à Besançon et inhumé, comme celui de son père, dans le caveau de la chapelle familiale de l’église des Carmes, voisine du palais Granvelle.

Notes :
  1.  Simon-Pierre Dinard, « La collection du cardinal Antoine de Granvelle (1517-1586). L’inventaire du Palais Granvelle de 1607 », in Frédérique Lemerle, Yves Pauwels, Gennaro Toscano (dir.), Les Cardinaux de la Renaissance et la modernité artistique, Lille, Publications de l’Institut de recherches historiques du Septentrion, 2009, p. 157-168.
Bibliographie
  • Dinard Simon-Pierre, « La collection du cardinal Antoine de Granvelle (1517-1586). L’inventaire du Palais Granvelle de 1607 », in Frédérique Lemerle, Yves Pauwels, Gennaro Toscano (dir.), Les Cardinaux de la Renaissance et la modernité artistique, Lille, Publications de l’Institut de recherches historiques du Septentrion, 2009, p. 157-168.
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