Les sujets des ducs-comtes de Bourgogne, puis des Habsbourg

Jacky Theurot

Un certain nombre d’auteurs anciens, puis d’historiens, ont utilisé, pour désigner les sujets des ducs de Bourgogne, la dénomination de pays de par deçà ou « de cha » pour désigner les territoires septentrionaux des ducs de Bourgogne (Pays-Bas), et ainsi les distinguer du pays de par-delà, la Bourgogne et la Franche-Comté, leurs possessions méridionales1.

Carte montrant les possessions territoriales de Charles le Téméraire, duc-comte de Bourgogne. Carte montrant les possessions territoriales de Charles le Téméraire, duc-comte de Bourgogne. ©Marco Zanoli–licence [CC BY-SA 4.0]from Wikimedia Commons. Philippe Bracco.

Au XVe siècle, le domaine des ducs Valois, hérité de liens matrimoniaux et formé lors des conquêtes et des traités, s’est progressivement complété de terres et de principautés disparates, allant du sud des pays « bourguignons » (Bourgogne et Franche-Comté) aux Flandres (Flandre, Hainaut, Brabant…, Pays Bas). Cet ensemble ne constitue pourtant jamais un véritable État.

Après la mort de Charles le Téméraire, duc et comte de Bourgogne, Louis XI prend possession du duché de Bourgogne et le rattache au royaume de France. La Comté est, quant à elle, occupée puis restituée en 1493 aux Habsbourg par le traité de Senlis.

Les provinces du nord (Flandre, Hainaut2…)  tombent en possession de Maximilien, et donc des Habsbourg. La Comté, quant à elle, est successivement à la charge de Philippe le Beau et de Marguerite d’Autriche (1499 à 1530). Puis Charles Quint, petit-fils de Maximilien, fils de Philippe le Beau et neveu de Marguerite d’Autriche, en hérite.

Signature au nom de Charles Quint. “Par l’empereur et Roy duc et conte (sic) de bourg.ne (Bourgogne)”. Arrière petit-fils de Charles le Téméraire, Charles Quint (1500-1558) était, comme ses ancêtres, duc et comte de Bourgogne. Archives diocésaines de Besançon, Fonds Chaillot, 138. Gérard Dhenin.

Parfois mentionnée, la notion de « cercle de Bourgogne » désigne ainsi les territoires des Habsbourg hérités des ducs et de Marie de Bourgogne. Les termes de Français, Allemands, Vaudois, Italiens, qualifient donc plutôt des étrangers.

En revanche, qu’ils relèvent des ducs de Bourgogne, puis des Habsbourg, les étudiants qui pratiquent la peregrinatio academica et fréquentent l’université de Dole entre 1423 et 1691 ont bien l’impression d’appartenir à une même communauté géopolitique. Tous ont le même prince et connaissent la même foi. Et tous pratiquent le latin, le français étant difficilement parlé et compris par les germanophones.

La diffusion de la Réforme marque une rupture. À Dole, la constitution progressive de « nations » n’est jamais bien affirmée si ce n’est, au XVe siècle, avec la présence, assez dense, d’un groupe de Vaudois, ce qu’exprime l’album de la « nation belge » à l’extrême fin de la période doloise de l’université.


Notes :
1 –  Pierre Cockshaw, « À propos des Pays de par deçà et des Pays de par delà », Revue belge de philologie et d’histoire, 1974, 52-2, p. 386-388 ; Élodie Lecuppre-Desjardin, Le royaume inachevé des ducs de Bourgogne, xive-xve siècles, Paris, Belin, 2016. 2 – Belgique et Pays-Bas actuels.
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