À Besançon comme dans la plupart des universités, il existe une longue tradition de journaux réalisés par les associations et syndicats étudiants. La présentation et l’objet de ces publications varient fortement selon les époques et les moyens techniques pour les réaliser.
Quelques exemples des journaux étudiants de l’université de Besançon. Collection particulière.
La plus ancienne publication bisontine connue paraît de janvier à mai 1882, avec 30 numéros, conservés à la bibliothèque municipale. Il s’agit de L’Étudiant, journal anecdotique, littéraire, scientifique et musical. « Fondé par des jeunes gens », il s’adresse principalement à la jeunesse et exclut tout écrit politique. Poésie, courtes nouvelles, souvent signées de pseudonymes, occupent les quatre pages de chaque numéro. Le directeur de la publication est un nommé « Français », dont on ne sait rien. Malheureusement, ce journal n’apporte aucune information sur la vie universitaire.
En 1910, paraît On attige (signifiant « on charrie » ou « on va trop loin »), qui n’est pas vraiment un journal, mais un fascicule reprenant le texte d’un spectacle de revue monté par les étudiants pour se moquer de la venue du président Armand Fallières en août. Cet article mérite d’être signalé car il constitue la première publication connue de l’A, comme on appelle alors l’Association générale des étudiants de Besançon.
Dans l’entre-deux guerres, en 1936-1937, c’est la renaissance de l’A1 qui utilise aussi, désormais, l’acronyme AGEB. Dix numéros de Besançon Universitaire paraissent. Ils font une vingtaine de pages et comportent de nombreuses illustrations. Le rédacteur en chef, Roger Marlin, est un étudiant en lettres qui devient plus tard enseignant au lycée Victor Hugo (annoncé dans le numéro 8 de décembre 1936). On y trouve des critiques de films, des chroniques sportives, théâtrales, des rébus, des mots croisés et des nouvelles régulières de l’Union nationale des étudiants de France. La revue comporte aussi des publicités, notamment pour la 402 Peugeot et pour le bar de l’A, situé au 4-6 rue Lacoré depuis 1922. Au printemps 1937, le journal annonce, non sans protester, que l’AGEB est expulsée de la rue Lacoré et doit s’installer rue du Palais.
Dans l’après-guerre, les journaux étudiants sont dactylographiés et ronéotés. Le licencieux en Lettres, publication de la corpo de lettres, compte quatre numéros de seize pages, entre décembre 1949 et avril 1950, tandis que J’accuse : ou le Petit en-Droit, avec deux numéros en janvier 1950, est celle des étudiants en droit. L’humour y est essentiel, pas seulement dans les dessins, dont des caricatures d’enseignants.
En 1954 et 1955, l’AGEB publie un journal, imprimé par l’Imprimerie de l’Est, de facture très « professionnelle » : Besançon estudiantin (18 numéros connus). Les pages sont denses et, si l’humour n’est pas absent, le contenu est beaucoup moins léger que dans tous les journaux étudiants précédents. Les préoccupations sociales et politiques s’affichent et rivalisent avec le sport.
Vers 1962-1966, le journal de l’AGEB se nomme Besançon U. Imprimé chez Néo-Typo, il ressemble à un vrai magazine bimestriel de 16 pages, avec une couverture en couleur et des photos. La construction de la Bouloie y est ainsi documentée. Le journal évoque aussi des grèves de l’université. L’AGEB se présente explicitement comme un syndicat, tandis que le lien avec les corpos est maintenu.
D’autres publications des années soixante, de facture plus artisanale, témoignent d’une diversification de l’expression étudiante. L’Association des résidents universitaires de la Bouloie, affiliée à l’AGEB, publie son Bulletin des Résidents à partir de 1965, qui devient Le Campusard en 1967. L’Union des étudiants communistes publie Fac Nouvelle, fin 1967. La Jeunesse communiste révolutionnaire a son organe, La Vieille Taupe, en 1968. La même année et avant mai, sortent Prométhée, journal de l’Amicale d’histoire, et La Sarbacane, qui chronique la vie étudiante sans affiliation politique particulière.
À l’aube du xxie siècle, les associations et syndicats étudiants sont plus que centenaires. En 2006-2007, l’Association des étudiants en psychologie publie cinq numéros du Journal de Lapsus. Entre 2010 et 2014, le syndicat AMEB publie La Bile Noire et La Pelle à Chenis. Les anarcho-syndicalistes de la CNT, surtout présents dans le milieu étudiant, diffusent Le Chaboteur. D’autres publications anarcho-autonomes, comme Séditions ou Kairos, sans être proprement étudiantes, relatent des aspects de la vie estudiantine bisontine.
En 2023, Le Donzelibéré (en référence à l’amphi Donzelot rebaptisé Donzelibre lors de son occupation en 2016 pendant le mouvement contre la loi travail) est largement diffusé à l’université et dans les manifestations contre la loi sur les retraites, de même que sa version anarcho-féministe, La Donze Libertaire.