Vivre étudiant à Dole aux XVe et XVIe siècles

Jacky Theurot

Être étudiant à Dole, c’est venir y acquérir un savoir à l’université dans la faculté des arts, celle des deux droits, en théologie ou en médecine, pour une durée variable. C’est, au préalable, fréquenter l’école élémentaire, puis l’école de grammaire, en une contrée plus ou moins lointaine, à l’écart du lieu familial.

La vie étudiante suppose de se loger et se nourrir, si possible de disposer de livres et de payer un droit d’inscription, dont le montant nous reste inconnu. L’affaire de l’étudiant agressé en l’auberge de Jean Coulon, qui loue les locaux de l’ancien hôtel de Cîteaux, laisse entendre qu’il y réside peut-être. En 1471, l’affaire Cornille le Roy nous indique que ce dernier étudie dans sa chambre avec d’autres. Dès 1423, et après le rétablissement de 1484, l’un des soucis du conseil de ville est de trouver des chambres pour les étudiants. Plus tard, le collège Saint-Jérôme doit accueillir des étudiants attachés à l’ordre bénédictin. En 1524, Ferry Roy réside peut-être chez le docteur Bernardini, diplômé issu de Valperga en Italie et recruté dans ces années 1520.

Dole au début du XVIe siècle, détail de la tapisserie “Louis XI levant le siège de Dole en 1477” et présentant les murailles de la capitale de la Franche-Comté. La tenture a été tissée à Bruges, ville appartenant au territoire des ducs de Bourgogne, entre 1502 et 1506. Elle était destinée à l’ornement de l’église Saint-Anatoile de Salins et y demeura jusqu’à la Révolution. Musée du Louvre, RMN-Grand Palais. OA 6705 bis. Martine Beck-Coppola.

De même, on connaît peu l’alimentation des étudiants. Ils pouvaient, certes, s’en procurer en la halle de boucherie-poissonnerie, lors des foires et surtout des fréquents marchés, auprès des jardiniers cultivant des légumes sur les terres fertiles des « accrues » de la rivière, au pied de la ville. L’on sait également que les étudiants négocient quelques muys de vin ou que les pêcheurs protestent en indiquant que si le prix du poisson monte, cela nuira aux étudiants.

Étudier suppose des revenus. Si, en 1473, le bâtard Jean de Bourgogne reçoit 400 charges de sel (à vendre) comme pension ou bourse de la part du duc Charles, si, vers 1450, le neveu de Guillaume Bourrelier ou le neveu de Jean de Chevrot, Jean de Louhans, n’ont pas de souci pour leur vivre et leur couvert, il n’en est pas de même pour tous les étudiants. Les nobles, qu’ils soient de pays étrangers ou pas, disposent par leurs parents, de revenus tirés des seigneuries. Chez les religieux, les Bénédictins, Cisterciens, Franciscains ou les Carmes viennent ici pour parfaire leurs connaissances, ils sont « détachés » de leur couvent et bénéficient d’un viatique. De même, les chanoines, curés, prêtres, attachés à des églises collégiales et paroissiales, disposent de prébendes, de revenus de chapellenies, voire de la sollicitude de tel ou tel ecclésiastique de leur communauté. Quant aux autres, roturiers, bourgeois et villageois, leur revenu dépend d’un père économe, soucieux du devenir de son fils. Ils constituent ceux désignés comme « étudiants pauvres », souvent témoins dans les actes notariés, assurant peut-être déjà ainsi des « petits boulots »…

Pour la pratique des livres, si tout le monde n’a pas un oncle tel que Jean Chevrot qui lui donne ses livres, ou un maître comme Gilles Grusignot qui en prête, le système de la peccia permet de partager les livres en les consultant à la bibliothèque ou en les empruntant.

Dole au début du XVIe siècle, tapisserie “Louis XI levant le siège de Dole en 1477” et présentant les murailles de la capitale de la Franche-Comté. Musée du Louvre, RMN-Grand Palais. OA 6705 bis. Martine Beck-Coppola.
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