Pierre Lévêque (1921-2004) : l’aventure grecque

Antonio Gonzales

Pierre Lévêque naît le 11 août 1921 à Chambéry. Il passe son enfance à Bordeaux, où son père est directeur du port autonome au début des années 1930. Après des études secondaires dans cette ville, il intègre l’école normale supérieure de la rue d’Ulm en 1940 et obtient l’agrégation de lettres en 1944. De 1947 à 1952, il rejoint l’école française d’Athènes où, en tant que membre, il s’intéresse à la statuaire archaïque de l’île de Délos et participe aux fouilles du site de l’île de Thasos. Il soutient, en 1955, sa thèse principale, consacrée à Pyrrhus, roi d’Épire, sous la direction d’André Aymard. Sa thèse secondaire, qui porte sur le poète athénien Agathon, est dirigée par Louis Séchan, avec lequel il publie Les Grandes divinités de la Grèce en 1970.

Pierre Lévêque en mission sur le site archéologique du temple de Ségeste en Sicile. Collection particulière.

Après un premier poste d’assistant à la Sorbonne, puis à l’université de Lyon en 1951, il est maître de conférences à l’université de Montpellier en 1951. Nommé professeur en 1957 à l’université de Besançon, il y effectue toute sa carrière de professeur des universités. Doyen de la faculté des lettres pendant deux mandats, de 1964 à 1971 et de 1986 à 1990, il est élu président de l’université de Franche-Comté entre 1975 et 1980.

En 1967, Pierre Lévêque fonde le Centre d’histoire ancienne, initiative inspirée par Pierre Aigrain1, qui souhaite développer en province des centres de recherches scientifiques en sciences humaines et sociales (SHS). Après l’intégration de chercheurs en philologie et littératures gréco-latines, l’équipe devient Institut des sciences de l’Antiquité (ISTA) en 1996. C’est également sur l’idée de Pierre Lévêque qu’est fondé en 1970 à Besançon le Groupe international de recherches sur l’esclavage antique (GIREA) qui poursuit toujours ses travaux, avec l’esprit d’ouverture internationale et thématique qu’il a su insuffler. De 1974 à 1995, il dirige la revue des Dialogues d’histoire ancienne (DHA), qu’il crée avec Monique Clavel, son épouse et collègue.

Pour le public scientifique et étudiant, le nom de Pierre Lévêque représente d’abord celui de l’auteur de l’Aventure grecque, publié en 1964, livre qui dépasse le cadre du grand manuel. Il donne à des générations de jeunes étudiants l’envie d’aller plus loin dans la connaissance de ce monde grec qu’il sait si impétueusement mettre à portée des esprits les plus divers.

L’œuvre fondatrice se déploie avec les Antiquités grecques du musée de Mariemont (1952), Agathon (1955), Pyrrhos (1957), Aurea Catena Homeri (1959), Nous partons pour la Grèce (1961), Clisthène l’Athénien avec Pierre Vidal-Naquet (1964), Nous partons pour la Sicile (1966), les Grandes Divinités de la Grèce avec Louis Séchan (1966), Empires et Barbaries (1968), Le Monde hellénistique (1969), Villes et structures urbaines dans l’Occident romain avec Monique Clavel-Lévêque (1971), Bêtes, dieux et hommes (1985), Les Premières civilisations (1987), Colère, sexe, rire (1988), Naissance de la Grèce (1990), La Création des dieux (1993), Le Monde grec aux temps classiques (1995), Les Grenouilles dans l’Antiquité (1999), Dans les pas des dieux grecs (2003).

Chevalier de la Légion d’honneur, commandeur des Palmes académiques, officier du Mérite de la République italienne, lauréat de l’Institut et médaille d’or de l’Accademia dei Lincei (Rome), Pierre Lévêque est honoré du titre de docteur honoris causa à deux reprises (universités de Varsovie et de Padoue). Il meurt, à Paris, le 5 mars 2004.

Notes :
1 – Délégué général à la recherche scientifique et technique
ARTICLES SIMILAIRES :
error: Contenu protégé.