Les temps forts de convivialité de la communauté universitaire

Maryse Graner

L’université de Franche-Comté représente une vaste communauté humaine, de près de 30 000 personnes, qui se répartissent actuellement dans six villes universitaires de la région. Les trois catégories majeures qui la composent sont les personnels enseignants-chercheurs, les personnels non-enseignants, dits BIATSS, et les étudiants, souvent évoqués par le terme « d’usagers ». Des moments de détente jalonnent chaque année universitaire et ont toujours permis de tisser des liens relationnels plus conviviaux, au-delà des différences, par nature liées au statut ou aux parcours des uns et des autres.

Livret d’accueil des personnels, rentrée universitaire de 2013. Catherine Bouteiller.
Livret d’accueil des personnels, rentrée universitaire de 2016. Élodie Crozier.

Au premier trimestre de l’automne 1986, sous le mandat de Jean-François Robert, le conseil d’administration du service social, dirigé par Nicole Morre-Biot, enseignante à l’UFR sciences, conscient de cet enjeu collectif, réfléchit à un moyen de rapprocher les personnels de l’université. L’éloignement des sites les uns des autres ne facilite pas les contacts : certains personnels passent souvent plusieurs années ou même leur carrière entière sans connaître leurs collègues des autres composantes et ne voient jamais le président. C’est ainsi que le service social décide d’organiser des rencontres, prévues en janvier, période privilégiée de convivialité à l’occasion des vœux. Cette manifestation donne au président la possibilité de faire le point sur la situation de l’université et sur ses objectifs. Rapidement, cette manifestation devient pour beaucoup « les vœux du président ».

Cartons d’invitation à la 16e Rencontre des personnels,le 20 mai 2003. Philippe Bracco.

La première rencontre des personnels a lieu à la Bouloie, en janvier 1987, dans le grand hall de propédeutique de l’UFR sciences et techniques. Elle est accompagnée de nombreux stands, tenus par les différentes associations à caractère culturel, sportif et social. Le succès est tel que, l’année suivante, le choix du lieu se porte sur le Kursaal. D’année en année, la soirée offerte aux membres du personnel devient de plus en plus chaleureuse. Dès 1988, grâce à l’énergie et à l’investissement déployés par Nicole Morre-Biot, le programme s’enrichit, avec des représentations des associations universitaires, du théâtre, de l’orchestre, de la chorale et des danseurs du SUAPS (service universitaire des activités physiques et sportives), associant les étudiants et les personnels. Chaque année, une thématique nouvelle est proposée pour ce grand moment. En 1988, un accueil costumé est réservé aux invités, sous la houlette de Joseph Melchor, directeur du théâtre universitaire. Cette même année, ainsi qu’en 1996, des enfants du personnel, appelés « les petits danseurs », participent au spectacle. En 1991, les cuivres de l’ensemble Da Chiesa viennent dynamiser l’orchestre avec un faste inhabituel. En 1992, la soirée offre une belle présentation de Pierre et le loup réalisée par Christophe Bouriez, chef de l’orchestre universitaire. En 1993, le SUAPS présente des danses contemporaines, sur le Requiem de Fauré. À l’issue de chaque rencontre, le discours du président et un buffet clôturent la soirée.

L’organisation d’un tel évènement au programme très riche requiert un temps assez long ; il apparaît aussi que les personnels présents recherchent tout particulièrement un moment de détente autour du buffet, pour échanger, se rencontrer de visu, faire connaissance et se retrouver d’une manière festive. Une nouvelle forme de rencontre s’institue peu à peu, avec la cérémonie des vœux du président qui est alors organisée, de manière autonome et complémentaire, par la direction de la communication. Le programme se réduit autour du discours du président, précédé ou suivi de courtes animations ou de la projection de la rétrospective de l’année passée, sous forme d’un diaporama photographique commenté, et de l’annonce des projets pour l’an qui vient.

Invitation à la cérémonie des vœux par Claude Condé, le 22 janvier 2008, à fort Griffon, placée sous le thème de l’intégration de l’IUFM dans l’UFC. Catherine Bouteiller.

Certaines années, les vœux se tiennent dans un site universitaire unique, à Besançon, dans une salle susceptible d’accueillir près de 450 personnes. Ils se déroulent le plus souvent au restaurant universitaire le Petit Bouloie, le Crous assurant la prestation de traiteur et le Big Band, formation de jazz de l’orchestre universitaire composée d’étudiants et de personnels, offre une ambiance musicale très rythmée. D’autres lieux prennent parfois le relais, comme la salle de spectacle de la Rodia. Avec l’ouverture des différents sites universitaires autres que bisontins, il arrive que deux cérémonies coexistent : l’une à Besançon, l’autre à Montbéliard, dans le Nord Franche-Comté. Naît aussi l’idée d’inviter les partenaires de l’université, les représentants des autorités institutionnelles, des établissements d’enseignement supérieur voisins, des collectivités, des agglomérations, des villes, des entreprises, de la presse. Au départ, deux cérémonies des vœux distinctes sont organisées, l’une pour les personnels et l’autre pour les partenaires, dits « VIP » mais, très rapidement, elles fusionnent en une seule et même cérémonie. L’année qui s’ouvre donne également lieu à une dégustation de la « galette des rois », tradition importante et très attendue en janvier dans la région, qui compte sa propre recette très typique de « galette comtoise ». À la maison de l’université, par exemple, chaque année en janvier, le directeur général des services présente ses vœux au président ou à la présidente, et, pour l’occasion, l’ensemble des personnels des services centraux sont réunis. Il en va de même dans chaque composante et service.

Invitation à la galette des rois par Claude Oytana, le 4 janvier 2000. Aurélie Guillerey.

Le service commun d’action sociale et culturelle (SCACS) poursuit de son côté l’organisation des rencontres des personnels au printemps ou en fin d’année universitaire, chaque année sur un thème particulier. Là encore, les personnels peuvent s’y rendre en famille, avec leurs enfants, et se retrouver au-delà des composantes et services. Au programme : ateliers, jeux pour les enfants, goûter convivial et musique. (3a et 3b). Les arrivées et les départs dans l’établissement sont des moments clés pour la construction de l’identité sociale professionnelle. Afin de favoriser leur meilleure intégration à leur arrivée à l’université, les nouveaux personnels sont tout d’abord invités à la journée d’accueil. Lors de la matinée, l’équipe de direction leur présente l’établissement, et ils profitent d’un premier contact avec le service des ressources humaines et avec leurs futurs directeur et responsable administratif de la composante, du service ou du laboratoire qu’ils intègrent. Un livret leur est remis, leur apportant tous les renseignements pratiques nécessaires à leur bonne connaissance de l’université (4a, 4b, 4c). Les étudiants bénéficient aussi de journées d’accueil spécifiques dans l’ensemble des villes universitaires avec « Bienvenue aux étudiants ». De plus en plus, les responsables de diplômes organisent, eux aussi, des cérémonies de remises de diplômes en fin de cursus.

Invitation à la galette des rois par Claude Oytana, le 4 janvier 2000. Catherine Bouteiller

Pendant son mandat, Françoise Bévalot institue en 2002 une nouvelle cérémonie de remerciements des retraités, afin de leur témoigner officiellement la reconnaissance de l’université pour leurs années de carrière dans l’établissement. Jusqu’alors, les personnels qui faisaient valoir leur droit à la retraite bénéficiaient, selon leur grade et leur composante, d’un « pot de départ » individuel ou collectif. Mais pour certains qui, après maintes années, quittent leur service dans l’anonymat le plus complet, ce manque de reconnaissance suscite de l’amertume. Cette cérémonie, confiée au service d’action sociale, à la direction des ressources humaines et à la direction de la communication, se déroule dans deux sites, à Besançon, et à Montbéliard pour les personnels du Nord Franche-Comté. Lors des premières années, elle s’intègre au programme des rencontres des personnels. À cette occasion, un cadeau souvenir est remis aux futurs retraités.

Dès l’origine, les fêtes de l’arbre de Noël font partie des rites les plus propices aux rencontres des personnels. Amorcées en 1993 par le CASUB, ces manifestations « arbre de Noël » sont reprises ensuite plus largement par le service d’action sociale. Longtemps, ces fêtes réunissant les personnels et leurs enfants continuent à se tenir, selon l’esprit facultaire, composante par composante. Ce n’est que très tardivement, en 2015[1], qu’une fête de Noël unique, organisée par le SCACS pour l’ensemble des personnels de l’établissement, se tient à Micropolis, offrant un spectacle vivant (magicien, théâtre pour les enfants) ou la projection d’un film de Noël, suivie d’un goûter géant. Lors de ces fêtes de Noël, les personnels peuvent venir avec leur famille et partager, avec elle, le cadre relationnel de leur vie professionnelle.

D’autres temps offrent des moments de convivialité et permettent de tisser des liens entre les différentes catégories de personnels. Pour ceux qui se rendent, tout d’abord au restaurant administratif de la Bouloie ou, ensuite, dans l’un des restaurants universitaires des campus, le temps de la pause méridienne apporte également des possibilités d’échanges avec les collègues. Le dense tissu associatif de l’université, qui accueille souvent à la fois des personnels et des étudiants, mais aussi les syndicats, offre, à son tour, une source d’enrichissement des liens personnels et du réseau professionnel de ses membres. Ensuite, les stages de formation permanente, inter-composantes et services, voire inter-établissements (avec l’ENSMM, l’UTBM par exemple), facilitent, eux aussi, les échanges de pratiques de métier, alimentant souvent, ensuite, des réseaux  professionnels. Enfin, les manifestations artistiques ou scientifiques, comme la Fête de la science, les Journées des arts et de la culture, la Nuit des chercheurs, sont des temps de rencontres, de discussions et d’ouverture vers les familles et les partenaires extérieurs.

Les Journées de prévention de la santé des personnels et des étudiants marquent un temps fort dans l’année car les personnels et les étudiants s’y côtoient différemment, hors statuts. Elles s’organisent de manière festive, grâce à la collaboration de différents services universitaires – service santé des étudiants (SSE), direction sécurité prévention des risques (DSPR), SCACS, direction des ressources humaines, SUAPS – et d’autres, comme les associations et les différents partenaires extérieurs. Les journées « Bien-être et forme » dont la première édition a lieu en 2009, en sont l’illustration. Les plus récentes, intitulées « Bien-être et équilibre professionnel », ont été organisées du 2 au 5 avril 2024, à Besançon et à Montbéliard. Elles visent à favoriser un environnement de travail positif et équilibré, tout en mettant l’accent sur des sujets tels que la qualité de vie au travail et l’épanouissement professionnel. Au programme, des ateliers de prévention des risques (alimentation, santé) et de détente (yoga, massages, hypnoses, sophrologie, gestion du stress, Qi-Gong, Tai-chi, relaxation), sensibilisation aux gestes écoresponsables, discussion autour de l’innovation sociale.

Flyer des journées « forme et bien-être » pour les personnels et les étudiants de l’université en 2014. Delphine Gentzik, Ginko.

L’environnement professionnel a connu d’importants changements au cours de ces cinquante dernières années. La pandémie liée au COVID-19 a fortement modifié le tissu relationnel professionnel. À son issue, le développement des pratiques du télétravail s’est accéléré, interférant profondément dans le processus de socialisation par le travail. Les formes organisationnelles rencontrent, depuis, des fonctionnements nouveaux. Par exemple, il est fréquent que les réunions hebdomadaires de service se déroulent en mode hybride car les personnels de certains services ne sont plus tous présents de manière simultanée, même sur une demi-journée. De plus, la mobilité professionnelle est encouragée et les personnels changent assez fréquemment de composante, de service (mutations internes) ou d’établissement (rectorat et Crous notamment).

Flyer des journées « forme et bien-être » pour les personnels et les étudiants de l’université en 2024. Élodie Crozier.

En réalité, le lien social a besoin d’être cultivé et, dans cette perspective, les rites restent importants pour assurer la socialisation des équipes et la diffusion d’une culture universitaire commune. Ces grands rendez-vous conviviaux dans l’année, auxquels sont attachés tous les responsables de l’université, répondent à une attente profonde de la communauté.

Livrets d’accueil des personnels. 2016. Élodie Crozier.

Notes :
[1] Cette manifestation a été interrompue en décembre 2019, avec la pandémie de COVID-19.
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