Longtemps, une cohue d’étudiants et d’étudiantes dans les bâtiments universitaires bisontins comme celle photographiée en novembre 1961 n’aurait pas été imaginable. Le nombre d’étudiants augmente rapidement à partir de la fin du XIXe siècle en France : ils sont 10 961 en 1880, 25 582 en 1894 et 42 037 en 1913. Cette expansion ne touche guère les facultés bisontines, qui sont les plus petites de France jusqu’au milieu du XXe siècle. En 1894, elles rassemblent seulement 194 inscrits, 303 en 1913. Avec 490 étudiants en 1928 et 465 en 1939, Besançon reste la plus petite université durant l’entre-deux-guerres, malgré un pic à 673 inscrits en 1934, sur les 87 166 étudiants que comptent alors les universités françaises. Après la Seconde Guerre mondiale et jusqu’à 1968, malgré la hausse générale des effectifs et la création de nouveaux établissements, l’université bisontine reste dans le bas du classement : 1 157 étudiants en 1955, mais déjà 2 217 en 1960 et 5 337 en 1965.
Cohue d’étudiants et d’étudiantes dans les bâtiments universitaires bisontins, novembre 1961. Bibliothèque municipale de Besançon, Ph14184. Bernard Faille.
Au XIXe siècle, le paysage universitaire bisontin est composé d’une faculté des lettres (1809), d’une faculté des sciences (1809-1814, rétablie en 1845), d’une école secondaire puis préparatoire de médecine intégrant par la suite la pharmacie. La faculté libre de droit établie en 1920 devient faculté d’État en 1964. Cela se reflète sur la répartition des étudiants : en 1900, Besançon compte 67 étudiants en lettres, 94 en sciences et 76 en médecine ; en 1924 ils sont 172 en sciences, 142 en lettres, 50 en pharmacie et 22 en médecine. En 1965, les lettres (2 431) et les sciences (1 863) regroupent la majorité des inscrits, loin devant le droit (705), médecine et dentaire (206) et la pharmacie (132). À la fin des années 1960, l’université bisontine attire encore peu au-delà de son cercle de recrutement direct et près de 85 % des étudiants français qui y sont inscrits proviennent de l’académie de Besançon.
Ces effectifs limités n’empêchent pas que l’université de Besançon soit touchée par un double processus général, à la fin du XIXe et au début du XXe siècle : la féminisation des effectifs et la hausse du nombre d’étudiants étrangers. En 1894-1895, trois Françaises sont inscrites en médecine (pour 61 hommes) et trois autres en lettres (72 hommes), un étranger en sciences (54 Français). Cette inégale répartition entre facultés reste valable, mais s’amenuise progressivement durant l’entre-deux-guerres. En 1921, 18 Français, 1 Française et 2 étrangers étudient la médecine ; 89 Français, 31 Françaises et 22 étrangers à la Faculté des sciences ; 50 Français, 25 Françaises, 16 étrangers et 3 étrangères en lettres ; 6 Français et 3 Françaises en pharmacie. En 1934, la faculté de médecine compte 30 Français, 29 Françaises, 4 étrangers et 3 étrangères ; la faculté des sciences 102 Français, 45 Françaises, 23 étrangers et 6 étrangères ; la faculté des lettres 128 Français, 129 Françaises, 42 étrangers et 36 étrangères ; l’école de pharmacie 22 Français et 22 Françaises ; la faculté libre de droit 80 Français, 18 Françaises, 3 étrangers et 2 étrangères.
En juin 1959, 1 278 Français et 833 Françaises métropolitains, 12 hommes et 3 femmes issus de la Communauté française, des États associés, du Maroc et de Tunisie ainsi que 37 étrangers et 2 étrangères étudient à l’université de Besançon. En juin 1962, il y a 368 étudiantes pour 772 étudiants inscrits en sciences, 849 pour 477 en lettres, 66 pour 181 en médecine et 42 pour 38 en pharmacie.
De la fin du XIXe siècle à 1968, les données statistiques sont fragiles et irrégulières. Elles laissent toutefois entrevoir des effectifs estudiantins bisontins en voie d’augmentation et de diversification, processus qui s’accélère durant les décennies suivantes.
