Guillaume1, comme son frère Guy, est issu d’une vieille famille noble connue depuis le XIVe siècle. Depuis 1368, Jacques de Rochefort et Agnès de Cléron, leurs parents, ont rassemblé un important patrimoine immobilier et foncier à Rochefort, près de Dole, et aux alentours. Guillaume devient le châtelain de cette seigneurie, et Guy son lieutenant en 1475. Non résidents, ils sont aussi les seigneurs de Pluvault-Longeault et de l’Abergement-lès-Auxonne.
Né vers 1438, Guillaume fait ses études à l’université doloise, où il obtient le doctorat en droit. Cependant, préférant la carrière militaire, il choisit de servir dans les armées du duc, en particulier lors de la guerre de la ligue du Bien public2. Nommé, comme Gérard Vurry, conseiller et maître des requêtes, il assure, à l’instar de Jean Carondelet, de nombreuses missions diplomatiques en Savoie, à Rome, auprès de l’archiduc Sigismond et des Suisses. De 1471 à 1473, il se rend à plusieurs reprises à Venise. Puis, en 1474-1475, il négocie chez le duc de Milan, à la cour de Savoie, avec les bandes suisses menaçant la montagne comtoise. En 1475, il ouvre à Nancy les états de Lorraine avant de se rendre au pays de Vaud. Il jouit d’un grand crédit auprès du duc lors de l’accord de paix avec Sigismond, mais la défaite de Morat provoque sa disgrâce. En 1477 et 1478, il défend l’héritage de Marie de Bourgogne (1457-1482) et reste jusqu’en 1481 auprès d’elle et de Maximilien.
Peu après le traité d’Arras, Guillaume passe au service de Louis XI qui, le 12 mai 1483, le nomme chancelier de France. Il est l’artisan des états de Tours réunis par Charles VIII dès janvier 1484, lors desquels il est très favorable aux Dolois. Ainsi que l’atteste la lettre patente du roi de mars 1484, c’est grâce à son intervention auprès du souverain lors de la tenue de ces états que l’université est rétablie à Dole.
Comme son frère Guy, Guillaume est un ami des humanistes. Fréquentant souvent l’Italie, il est très lié à Robert Gaguin (1433-1501), écrivain et grand humaniste. Ce dernier, également doyen de la faculté de décret (faculté de droit canon) de Paris, le désigne pour des missions diplomatiques. Proche des humanistes italiens Balbi, Mancini et Andrelini, il connaît aussi à la cour de Bourgogne le Napolitain Jean de Candida, auteur d’une belle médaille de Marie de Bourgogne (1480). Un manuscrit, sans doute rédigé pour lui, issu de la réflexion de Filippo de Bergamo, prieur en Italie (3e quart du XIVe siècle) qui a écrit un commentaire sur les Disticha Catonis (IIIe siècle)3, porte son blason4. Ce texte fait référence à l’enseignement élémentaire du latin, ce qui ne surprend pas chez cet homme de la noblesse, docteur en droit, ouvert sur le savoir et l’humanisme. Gellio Bernardino Marmita (1440 ?-1497 ?), de Parme, lui dédie aussi une édition de Sénèque le Tragique. Le prédicateur Textor publie, à sa demande, ses Sermons sur la Passion. Un autre ouvrage, le Liber Amorum, manuscrit autographe latin, ou Livre des Amours en 4 volumes, porte la dédicace de l’auteur à Guillaume de Rochefort, dit chevalier et chancelier du roi5.
Guillaume a tout d’abord épousé Guye de Vurry dont il a trois enfants, puis, en secondes noces, Anne de la Trémoille. Il décède le 12 août 1492 et il est enterré aux Célestins de Paris auprès de sa première épouse Guye de Vurry et de son fils Blaise. Le dimanche 20 août 1492, le conseil de ville de Dole décide plusieurs messes à sa mémoire, signe que la « trahison » suggérée par certains historiens est fort discutable.