La rareté des sources ne permet de dénombrer qu’environ 90 étudiants jusqu’en 1497. Ensuite, l’analyse des premiers registres matricules conservés de l’université de Dole pour la période 1498-1526 rend possible une évaluation précise1 : donner leur nom, situer leur lieu et diocèse d’origine et, pour certains, saisir leur mobilité entre diocèse et université, parfois connaître leur cursus et même, grâce à d’autres sources (délibérations municipales, fonds de la collégiale Notre-Dame), d’être renseigné sur les carrières et les responsabilités qu’ils exercent ensuite2.
Dole offre une petite université provinciale, mais la ville universitaire est aussi une petite capitale, centre d’un bailliage, siège d’une importante trésorerie et d’un parlement. La collégiale Notre-Dame est, de plus, dans la main du prince. Entre 1498 et 1526, près de 1 450 étudiants sont repérés dans 25 registres ; on compte en moyenne 58 inscrits, et, dans le meilleur des cas, près de 100 par an. La majorité des étudiants provient du diocèse de Besançon, soit environ 900 sur le total. Le royaume de France envoie également les siens, dont un nombre non négligeable de Bourguignons, ce qui s’inscrit dans la tradition du xve siècle, selon le vœu de Philippe le Bon. L’université attire aussi des « Flamands », des Suisses, quelques Allemands et Italiens. Les Dolois sont nombreux, traduction d’une sorte de « municipalisation » de l’université. De grands serviteurs du prince en sont originaires ou y résident (Carondelet, Vurry, Basan, Chassey, Boisset, du Champ…).
Peu de Comtois ou Bourguignons se rendent à l’université de Louvain ou dans les universités italiennes. Dès le XVe et le début du XVIe siècle, l’université de Dole semble perçue comme un pôle juridique renommé, tant pour le droit canon que pour le droit civil. Le nombre de grades attribués, en moyenne huit par an, en témoigne. D’autant qu’une formation est requise pour accéder au canonicat ou au parlement par exemple, et que les municipalités sont de plus en plus confrontées à des questions d’ordre juridique comme le traduisent les délibérations municipales. Ainsi, certains de ces étudiants, après être venus étudier à Dole, intègrent l’administration des Habsbourg jusqu’au plus près du prince (tels Jean et Ferry Carondelet, Nicolas Perrenot, Claude de Boisset sous Maximilien, Philippe le Beau et Marguerite d’Autriche) ou encore dans les municipalités et les institutions d’Église (officialités, cours archiépiscopales, chapitres, cures, couvents, voire hôpitaux).