Étienne Tourtelle, fils d’un marchand quincailler, est né à Besançon en 17571. À l’âge de quatorze ans, après avoir terminé le cycle des humanités et de la philosophie, il s’inscrit à la faculté de médecine de Besançon. Il est accueilli par Pierre Jacques Morel (1736-1815), chirurgien militaire à l’hôpital Saint-Jacques, dont il devient l’aide-opératoire. À seize ans, un chagrin d’amour, qui l’oppose violemment à son père, le conduit à quitter le domicile familial pour se réfugier dans les ordres. Il revient rapidement à la vie laïque pour gagner la faculté de médecine de Montpellier puis, quelques mois plus tard, celle de Paris.
Esprit précoce, brillant et travailleur, Étienne retourne à Besançon pour passer ses grades de médecine. Il obtient la maîtrise ès arts en 1772, puis son baccalauréat en 1774. En avril 1775, à 18 ans, il soutient sa thèse de licence sur la circulation sanguine, sous la direction du professeur Nicolas François Rougnon (1727-1799). Une semaine plus tard, sous la houlette du professeur Gabriel Lange (1700-1788), il présente publiquement sa thèse de doctorat sur la sudation dans les fièvres. En 1779, il épouse à Besançon Josèphe Jolibois (1754-?), avec qui il aura onze enfants.
En 1782, âgé de 25 ans, Étienne Tourtelle se présente au concours de professeur ouvert pour pourvoir la chaire laissée vacante par le décès du professeur Claude François Atthalin (1701-1782). Claude Joseph France (1737-1802), classé premier des huit candidats par les huit jurés, obtient le poste. Tourtelle vient cependant en deuxième position pour un juré et en troisième pour quatre jurés. Après cet échec, il s’intéresse à l’économie rurale, un sujet qui lui fait obtenir un prix de l’académie des sciences, belles-lettres et arts de Besançon et un de la société littéraire de Grenoble.
En 1788, Étienne Tourtelle se présente à nouveau au concours, cette fois-ci pour la succession du professeur Gabriel Lange (1700-1788), décédé. Arrivé en première position, il devient le dernier professeur recruté avant que la faculté de médecine ne disparaisse lors de la période révolutionnaire. Il a alors 31 ans et, pendant cette brève carrière académique, il enseigne la chimie appliquée à la médecine et assure les démonstrations anatomiques. En outre, il s’intéresse au thermalisme et aux eaux minérales, et institue un cours d’hygiène.
Dans la tourmente révolutionnaire, après les décrets de la Convention imposant la fermeture des facultés, Tourtelle devient médecin de l’hôpital de l’Égalité, un hôpital militaire installé dans l’ancien couvent des bénédictines2. Avec l’accord des administrateurs du département du Doubs, il continue à assurer, bénévolement, des cours de médecine. Puis, à la fin de l’année 1793, il accepte un poste de médecin de l’armée du Rhin. Par son décret du 16 frimaire an III (6 décembre 1794), la Convention thermidorienne recrée trois écoles de santé, à Paris, Montpellier et Strasbourg3. De 1794 à 1798, Tourtelle devient l’un des enseignants de l’école de Strasbourg, où il enseigne l’hygiène, la chimie et la pathologie interne. Pendant ce séjour, il travaille à deux traités appelés à faire référence.
En 1797, il publie les deux volumes des Éléments d’hygiène puis, en 1799, les trois volumes de son ouvrage Éléments de médecine théorique et pratique4. Malade, il abandonne finalement sa chaire strasbourgeoise pour venir occuper à Besançon la place de médecin en chef de l’hôpital militaire. Le 16 mai 1801, il y meurt de la tuberculose, âgé seulement de 44 ans.
Deux ouvrages posthumes de Tourtelle sont édités. Son élève, le chirurgien Pierre François Briot (1773-1826), publie en 1802 Éléments de matière médicale. Par la suite, en 1804, son fils, Marie François Joseph Tourtelle (1785-1813), professeur suppléant à l’école de médecine de Strasbourg, édite l’Histoire philosophique de la médecine rédigée par son père5.
