Du CASUB au service d’action sociale et culturelle des personnels

Maryse Graner, avec l’aide de Jean-Claude Chevailler, Nicole Morre-Biot et Christelle Traxer

Dès ses débuts, avec le peu de moyens dont elle disposait, l’université de Franche-Comté a eu le souci d’accompagner ses personnels et ses étudiants en difficulté sociale, mais aussi de permettre à tous un accès à la culture.

Sous le mandat du président Jean Thiébaut, les premières actions sociales sont lancées par la commission vie universitaire, présidée alors par Gérard Aimé. Cet organisme consultatif du conseil de l’université rassemble des personnels et des étudiants de chaque unité d’enseignement et de recherche (UER), des services communs de l’université, des associations et amicales des personnels de l’université et du CNRS. Ses actions s’adressent à tous les membres de la communauté universitaire, étudiants, personnels enseignant et administratif. La commission, qui ne dispose pas de budget propre, soumet des propositions et a pour compétence principale l’action sociale, mais aussi le développement d’activités culturelles et de détente, ce qui inclut conférences et activités sportives. Elle réfléchit à des locaux consacrés à ses activités ou à celles des associations étudiantes, à l’installation d’une infirmerie (poste de secours) ou encore au moyen de rompre l’isolement dans lequel se trouvent trop souvent les étudiants étrangers. Ses deux projets les plus ambitieux sont, dans le campus de la Bouloie, les créations d’un restaurant des personnels et d’une garderie accueillant les jeunes enfants des personnels ou des étudiants. Un premier objectif est atteint le 10 décembre 1973, avec l’ouverture d’une école maternelle, installée rue Kepler dans des locaux préfabriqués mis à disposition par le conseil général du Doubs. Elle permet d’accueillir les enfants de deux à six ans avec, pour la première année, une seule institutrice, nommée par le rectorat. À la rentrée de 1974, deux classes fonctionnent et reçoivent une trentaine d’enfants des personnels et étudiants de l’université, des personnels du CROUS, de ceux de l’inspection académique, située tout à côté, et des enfants du quartier.

Photographies d’enfants à l’école maternelle de la rue Kepler. Bulletin d’information Le Bire, no 7, juin 1974, p. 1-2 et no 19, déc. 1975, p. 3-4. Michel Moyse.

En mars 1974, le CASUB (comité d’action sociale de l’université de Besançon)[1], association de type loi 1901, est fondé pour gérer financièrement cette structure à caractère social, car ni l’université, ni sa commission vie universitaire ne sont, selon les textes, habilitées à le faire. Devant le succès rencontré par l’école de la rue Kepler, l’idée d’une crèche garderie (à partir de deux ans), ainsi que d’une garderie le mercredi et les vacances, d’un centre de loisirs éducatifs, ou encore la création d’une seconde école, au centre-ville, à Planoise ou à Belfort, font leur chemin. Le secrétariat d’État aux Universités demande à l’université de présenter un programme quinquennal devant comporter, entre autres, les constructions des cinq années à venir. La commission de la vie universitaire lance une enquête éclair[2] sur ces sujets, mais élargit aussi à des questions sur la santé, les soins, la restauration universitaire, la culture et le sport. Malgré un délai extrêmement serré, 356 personnels répondent : 118 enseignants, 226 personnels non-enseignants et 12 du CNRS. Les retours portent sur l’enfance (crèches et loisirs), mais aussi sur la santé et les soins, la restauration, le sport et les activités culturelles. D’autres demandes variées sont suggérées : salle de détente, discothèque, cinémathèque ou ciné-club, labo photo, bibliothèque spécifique pour handicapés visuels. En 1975, un crédit de 2 millions de francs est dégagé, au titre des charges communes, en vue d’instituer un régime de prêt, à 0 % d’intérêt, en faveur des jeunes ménages fonctionnaires, afin de leur permettre l’achat d’équipement mobilier et ménager ou pour couvrir certains frais d’entrée en location d’appartement. En juin 1976, le CASUB propose, pendant les vacances de Noël et de Pâques, des séjours de vacances à Rochejean.

Photographies du restaurant administratif des personnels à la Bouloie. Bulletin d’information Le Bire, no 33, déc. 1977, p. 3-4 et no 34, janv. 1978, p. 3-4. Michel Moyse.

Le second projet concernant le restaurant universitaire[3] aboutit lors du mandat suivant, avec l’appui important du nouveau président Lévêque et de son secrétaire général, Georges Lambert. Ce dernier se rend, en personne, à Paris, pour défendre le projet au ministère et obtenir des financements. Début 1976, ces efforts portent leurs fruits : la demande du permis de construire d’un restaurant universitaire est déposée. Situé route de Gray, à l’est du bâtiment métrologie de l’UFR sciences et technique, il ouvre à la rentrée universitaire 1977. Le restaurant est accessible aux personnels de l’université, du CNRS qui a participé à son financement, du CROUS et de l’inspection académique. Les conjoints et enfants, ainsi que les retraités de ces établissements, sont également admis. Le libre-service ne fonctionne que le midi et les repas sont fournis principalement par le cercle inter-administratif, une cuisine sur place permettant, si nécessaire, d’assurer le complément. L’ouverture de ce restaurant, dont le premier gestionnaire est Robert Cosme, est un succès. À la date du 29 septembre, plus de quatre cents cartes donnant accès au restaurant sont délivrées.

Photographies du restaurant administratif des personnels à la Bouloie. Bulletin d’information Le Bire, no 33, déc. 1977, p. 3-4 et no 34, janv. 1978, p. 3-4. Michel Moyse.

En 1978, le service social, service commun de l’université, remplace la commission de la vie universitaire instituée en 1972. Le CA désigne son président, Jean-Claude Chevailler, maître de conférences à la faculté de droit et sciences économiques. La direction du CASUB est assurée par Marie-Paule Vuez, responsable du service financier de l’université. À l’issue de ces mandats, en 1980, Nicole Morre-Biot, maître de conférences à l’UER sciences et techniques, assure les deux fonctions. Le service social dispose désormais d’un budget de 140 000 francs, prélevé par l’université sur son budget propre. Il a pour mission de chercher à résoudre les divers problèmes sociaux relatifs à l’enfance, à la santé et au bien-être, aux loisirs ou vacances, en faveur des personnels et étudiants. Le service social aimerait étendre le restaurant administratif et la garderie réalisés par le CASUB au campus de la Bouloie en direction du centre-ville, où travaille une grande partie du personnel bisontin, ainsi qu’à Belfort. Il participe financièrement à l’organisation des fêtes de fin d’année des personnels, qui se déroulent alors au sein des composantes. La plus grande partie de son budget est allouée au CASUB qui apporte un minimum de protection aux personnels en cas d’extrême nécessité. Le CASUB envisage aussi de mutualiser ses actions avec le SUAPS[4] pour rechercher des colonies de vacances et des lieux de congés familiaux : des accords sont passés avec des organismes de loisirs ou des agences de voyages pour obtenir des tarifs préférentiels. Entre mars et septembre 2010, l’offre de restauration s’améliore sur le campus de la Bouloie car le CROUS Franche-Comté renforce ses capacités d’accueil dans les « Resto-u ». La restructuration lourde du Grand Bouloie et la construction du Petit Bouloie entraînent une forte diminution de la fréquentation du restaurant administratif. Placé devant de grandes difficultés de fonctionnement, le CASUB est contraint de fermer le restaurant.

Au début des années 2000, les activités culturelles se scindent en deux services différents, pour les personnels et pour les étudiants. Ces derniers sont pris en charge par le bureau de la vie étudiante (BVE), fondé lors de l’ouverture de la maison des étudiants sur le campus. Le service social se transforme en service commun d’action sociale et culturelle (SCASC) en janvier 2010 lors du passage de l’université aux RCE (responsabilités et compétences élargies). L’UFC développe alors une politique d’action sociale en faveur de tous les agents[5], reprenant à son compte les prestations sociales, communes à l’ensemble des agents de la fonction publique, gérées auparavant par le rectorat (aide aux séjours pour les enfants, chèques-vacances, allocations enfants handicapés, frais de garderie, aide à l’installation d’un nouveau personnel), en complément de sa propre action sociale d’initiative universitaire (aide aux frais d’hospitalisation d’un proche, aux études supérieures d’un enfant, aux loisirs des enfants de 5 à 18 ans, au départ à la retraite…).

Carton d’invitation des personnels à la Fête du vent, samedi 20 octobre 2012. Catherine Bouteiller.

Par ailleurs, l’accès à la vie culturelle et aux loisirs est encouragé sous la forme de trois cartes. Tout d’abord, le ticket avantage culture, remplacé en 2019 par le coupon culturel, permet de prendre partiellement en charge [6] les billets pour des spectacles et concerts. Ensuite, avec la carte Cezam[7], on peut obtenir des tarifs préférentiels dans les domaines culturels, sportifs et de loisirs ou encore dans le cadre de sorties organisées pour l’UFC. Le nombre de cartes activées diminue nettement entre 2019 et 2021 en raison de l’épidémie de Covid-19 et de la suspension, en conséquence, de certaines activités. Mais il augmente de 63 % entre 2021 et 2022, ce qui témoigne de l’envie de retrouver une vie sociale et culturelle normale. Enfin, l’université permet aux personnels d’accéder, pour leurs enfants, à la carte Avantages jeunes[8], à tarif préférentiel.

La direction est un poste à temps partiel, occupé successivement par Philippe Henry (2010-2011), Christelle Traxer (2011-2017), puis une période d’intérim assuré par Stéphane Crovella, directeur des ressources humaines (2017-2019), ensuite Natacha Genty (2019-2022), depuis, Hélène Gautier (2022-2024) et, depuis juin 2024, Lydie Branget. Aujourd’hui, le SCASC compte également deux coordinatrices, l’une pour l’action sociale, l’autre pour l’action culturelle et sportive.

Pendant toutes ces années, l’action du service commun d’action sociale et culturelle est la preuve vivante que l’université entend améliorer les conditions de vie de ses personnels et de leur famille. Dès le départ, ce service a contribué à renforcer les liens au sein de la communauté universitaire, lors de journées ou soirées de rencontres des personnels dans les différents sites chaque année.


Notes :
[1] Bernard Viard, enseignant à l’UFR sciences et techniques, en est le président ; Jean Chevalier du Crous le vice-président ; Marie-France Poissenot la secrétaire et Marie-Paule Vuez la trésorière, ces deux dernières travaillant à la présidence de l’université (Bulletin d’information Le Bire, no 7, juin 1974, « Où en est le service social de l’université », p. 1-2 ; Le Bire, no 19, déc. 1975, « Nouvelles du Casub », p. 3-4). [2] Bulletin d’information Le Bire, no 17, juin 1975, « Enquête sur la commission de la vie universitaire », p. 2. [3] Bulletin d’information Le Bire, no 33, déc. 1977, p. 3-4 et no 34, janv. 1978, p. 3-4. [4] SUAPS : Service universitaire des activités physiques et sportives. [5] Personnels, titulaires ou contractuels d’au moins six mois consécutifs. [6] En fonction de l’indice de l’agent et à raison de six coupons culturels par année civile. [7] En partenariat avec l’association FRACAS Bourgogne Franche-Comté, tous les personnels titulaires et les contractuels de plus de six mois peuvent y prétendre gratuitement : 30 % d’entre eux la possèdent. [8] La carte Avantages jeunes propose de nombreuses réductions et gratuités pour la culture, les loisirs et la vie quotidienne des jeunes, notamment en Franche-Comté.
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