Née le 23 juillet 1930 à Paris, Janine Ponty est l’une des pionnières et une figure importante de l’histoire de l’immigration en France. Avec Pierre Milza et Gérard Noiriel, elle est parmi les premiers à avoir constitué en objet et en question la présence étrangère en France, soutenant en 1985 un doctorat d’État à l’université Paris I : « Les travailleurs polonais en France (1915-1939) », sous la direction de Jean-Baptiste Duroselle[1]. Cela fait d’elle, durant plusieurs décennies, la spécialiste incontestée de l’immigration polonaise et lui vaut de recevoir, en 2013, la médaille d’honneur polonaise Bene Merito des mains du président de la République polonaise.
Elle appartient à une génération d’historiennes qui doivent, pour entrer dans la carrière, se faire boulets de canon, travailler plus et mieux que leurs homologues masculins, sans toujours en recevoir tout le crédit, ce que sans doute seule permet une pratique de l’histoire qui est aussi un engagement civique et personnel, loin des exercices scolastiques abscons ou des préciosités de salon.

Travailleuse acharnée et rigoureuse elle livre toujours des textes scientifiquement irréprochables. Elle a une conscience aiguë de devoir prendre en compte de multiples échelles et ordres de réalité lorsqu’il s’agit d’évoquer un épisode migratoire et est la première à prêter une attention soutenue aux femmes migrantes, à leur activité productive, aux formes spécifiques de leur encadrement.
Elle a toujours le souci de transmettre, de partager, de toutes les façons possibles, un savoir qu’elle juge important aux acteurs de l’histoire qu’elle narre comme aux citoyens. Enseignante de métier et de passion, elle est longtemps professeur d’histoire et de géographie dans le secondaire à Soissons, à Eaubonne puis au lycée Charlemagne à Paris, avant de devenir maîtresse de conférences à Paris XIII et enfin, en 1990, professeur des universités à l’université de Franche-Comté, dont elle dirige le département d’histoire.
Elle participe avec passion à l’aventure de la naissance de la Cité nationale de l’histoire de l’immigration à Paris[2]. Cheville ouvrière de la première exposition permanente, membre du comité de préfiguration qui en dessine les contours, elle est une figure familière de cette maison qu’elle considère un peu comme la sienne et commissaire de l’exposition : « Polonia, des Polonais en France de 1830 à nos jours ».
Son décès est survenu à Paris le 9 février 2017.