En novembre 1815, le recteur Jean-Jacques Ordinaire déplore auprès du maire que les blocus autrichiens de 1814 et de 1815 aient transformé certains locaux municipaux de la cour de l’académie en écuries car « le bruit et le mouvement que cela occasionne sont incompatibles avec la tranquillité nécessaire à cet établissement ». Il lui fait également part des « abus scandaleux » et des « graves accidents », dont celui ayant touché son frère Désiré qui a eu « le bras démis et n’a échappé que par miracle à la mort qui devait être la suite du coup qu’il a reçu ». Le baron Daclin lui répond que le cheval coupable du méfait est celui d’un gendarme et qu’il l’a fait reconduire aux écuries de la gendarmerie1.
Pierre Marnotte (1797-1882), “Plan de l’étage d’une partie des batiments de l’Académie pour servir à l’établissement du Cabinet d’histoire naturelle et d’un musée”, 10 mai 1827. Archives municipales de Besançon, 4M83.
À la suite de la fermeture de la faculté des sciences, le 3 octobre 1815, et parce qu’elle est confrontée aux difficultés du paiement de sa dette relative à l’acquisition des locaux de l’académie, la ville cherche à louer une partie des locaux et demande à l’architecte municipal, en 1816 et en 1817, de déterminer la valeur locative des appartements « faits et à faire dans les bâtiments de l’académie ». Le projet, rejeté par le recteur Ordinaire, n’est pas autorisé par le gouvernement, mais cette démarche nous permet de découvrir qu’à l’étage, les « instruments de physique » sont conservés dans « l’ancienne Bibliothèque » juste à côté d’un« ancien corridor qui renferme les tableaux de la mairie ».
Cependant, en novembre 1817, pour être agréable au maire, le marquis Terrier de Santans, le recteur accepte, pour quelques mois, d’ouvrir un local de l’académie pour des réunions d’amateurs de musique mais lui précise « qu’un semblable arrangement ne pourra que difficilement se renouveler » car « l’unique salle où les professeurs de faculté font leurs leçons est insuffisante dès à présent, et le sera davantage quand l’instruction publique aura reçu l’extension qu’elle attend des nouvelles lois qui vont la régler ».
À défaut de louer les locaux, la ville décide d’installer l’école de sculpture et le dépôt des décorations du théâtre dans l’enceinte de l’académie. En mai 1827, considérant que « ce mélange a déjà fait naître de fréquentes difficultés et peut être source de graves inconvéniens », la ville décide de ne laisser à l’académie que l’usage de l’ancien cloître, du rez-de-chaussée et de deux pièces de l’étage, de fermer le grand escalier du côté de l’Académie afin de le « réserver exclusivement à la Ville ». Il est également demandé à Pierre Marnotte (1797-1882), architecte municipal, les plans d’une « salle qui puisse servir de musée de tableaux et de supplément au cabinet d’histoire naturelle » car celui-ci est « considérablement augmenté et son local est devenu insuffisant » (Figure 1 ). Le conseil royal de l’Instruction publique entérine la récupération par la ville de certains espaces, mais demande cependant au recteur de prendre, « de concert avec l’autorité locale, les mesures convenables afin que le public qui fréquente le jardin dépendant des bâtiments de l’Académie soit à une distance assez grande de la salle des cours pour ne pas interrompre les professeurs dans leurs leçons ».